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Manuscrit d'un rêve de Giorgio de Chirico, reproduit dans le premier numéro de La Révolution surréaliste, en décembre 1924.
Peintre italien (1888-1978), Giorgio de Chirico est bien connu des surréalistes depuis 1920, en particulier pour sa période « métaphysique » : un article de Breton dans Littérature, en janvier 1920, est consacré à sa peinture : « J’estime qu’une véritable mythologie moderne est en formation. C’est à Giorgio de Chirico qu’il appartient d’en fixer impérissablement le souvenir. », écrit-il avec enthousiasme.
Repéré d'abord par Apollinaire, Chirico est accueilli chaleureusement par Breton et ses amis lors d'une exposition consacrée à sa peinture à la galerie Paul Guillaume en septembre 1922 (exposition saluée par un article de Péret dans Littérature). La même année, Breton avait acheté L'Enigme d'une journée et s'était fait photographier par Man Ray devant cette même toile. Il possédait en outre le Cerveau de l'enfant, qu'il conserverait presque toute sa vie, et servit d'entremetteur entre Doucet et le peintre. Chirico lui donnera trois dessins pour Clair de Terre. Tanguy et Eluard furent aussi de grands admirateurs, ce dernier achetant un grand nombre de ses toiles.
Chirico fait ainsi logiquement partie du tableau de Max Ernst, Au Rendez-vous des amis.
Chirico donne ici un récit de rêve, sans doute influencé par les théories surréalistes, mais aussi par désir de reconnaissance ; sa peinture subissait déjà les critiques de Breton et des autres membres à cause de son retour à une figuration classique et son obsession du métier. Breton avait écrit en 1923, dans Caractères de l'exposition moderne et de ce qui en participe : « Ce peintre qui vit en Italie et dont, pour un observateur peu pénétrant, les dernières œuvres semblent faire à l’académisme le plus stérile concession sur concession, nous tient sous le coup d’une trop émouvante promesse pour que jamais nous puissions nous détourner de lui avec indifférence. C’est en effet à Chirico que nous devons la révélation des symboles qui président à notre vie instinctive et qui, nous nous en doutions un peu, se distinguent de ceux des époques sauvages. […] Il y a, dans l’appareil de la prophétie, tous scrupules mis de côté, de quoi nous séduire longtemps. Et, pour la première fois depuis des siècles, Chirico nous a fait entendre la voix, irrésistible et injuste, des devins. »
Il faut noter que Chirico avait participé aux expériences des sommeils et avait passé suffisamment de soirées chez Breton pour être au fait des tendances surréalistes. Il est en tout cas assez proche d'eux pour dîner avec eux en novembre 1924 ; c'est alors que Breton lui fait la lecture des textes de Lautréamont (voir André Breton, Lettres à Simone Kahn, 11 novembre 1924). Le 11 novembre, Chirico accompagne les jeunes gens à la foire de Montmartre. Assis sur un cheval de bois, il se fait photographier ensemble avec Max Ernst à droite, Gala Éluard et Benjamin Péret à gauche.
Lors de la conception du premier numéro de La Révolution surréaliste, la rédaction du rêve peut être suivie jour après jour. Le 4 novembre, il propose à Eluard des rêves. Le 8, Aragon note qu'il doit en apporter trois. Le 13, Max Morise écrit à Simone Breton : « […] j’ai passé toute cette journée avec Chirico […] assis sagement l’un à côté de l’autre à Cyrano en attendant les centraux surréalistes. Il écrit ses rêves […]. » Le même jour, Pierre Naville note dans le Cahier de la permanence : « Reçu “2 rêves” de Chirico pour la revue ». De fait, sur la couverture du premier numéro de La Révolution surréaliste, le groupe entoure une de ses toiles peintes en 1917 : « Le rêve de Tobie » Le numéro contient aussi une esquisse de l'Apparition du cheval, daté de 1913 (p.8), un dessin accompagnant un texte de Pierre Naville sur la revue Benjamin (p. 31), enfin son portrait entoure avec les autres la figure de Germaine Berton (p. 17) ; Max Morise l’évoque aussi dans la revue Beaux-Arts. Comme le note Gerd Roos, Martin Weidlich (Roos Gerd, Weidlich Martin, « Giorgio De Chirico et la « bande Breton ». 1918-1928 », Ligeia, 2020/1 (N° 177-180), p. 83-144. DOI : 10.3917/lige.177.0083. URL : https://www.cairn.info/revue-ligeia-2020-1-page-83.htm), « C’est à cause de ce premier numéro de La Révolution surréaliste qu’en France, comme à l’étranger, Chirico est perçu comme membre du groupe surréaliste : présomption du reste corroborée par les trois portraits de groupe du titre, à condition, bien entendu, que le lecteur soit en mesure d’identifier les personnes une par une. » [Site André Breton, 2022]
Bibliography
Giorgio de Chirico, « Rêve », La Révolution surréaliste, n°1, décembre 1924, p. 3.
Creation date | 13/11/1924 |
Bibliographical material | Ms, encre noire - cinq pages manuscrites. |
Languages | French |
Place of origin | |
Library | |
Size | 13,40 x 21,00 cm |
Number of pages | 5 |
Keywords | Reviews and Journals, Surrealist revolution, Dream, Publication |
Categories | Manuscripts, Surrealists Manuscripts |
Set | [Revue] La Révolution surréaliste, 1 |
Exhibition | Réunions du groupe au Cyrano |
Permanent link | https://cms.andrebreton.fr/en/work/56600101001971 |