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[Les vacances s'achèvent...]

Lettre datée du 1er octobre 1955

Correspondence

Author

Author André Breton
People cited Alain Jouffroy, Hans Bellmer, Adrien Dax
Letter to Pierre Molinier, Pierre Seghers, Joyce Mansour

Description

Lettre d'André Breton à Pierre Molinier, datée du 1er octobre 1955.

Transcription

Saint-Cirq le 1^er octobre 1955

Mon cher Ami,

les vacances s’achèvent. Après un court passage par la Bretagne où j’essaierai de surprendre Charles Estienne dans ses occupations nautiques et autres (la voile est à lui ce qu’est à vous le pistolet), je me propose de rentrer à Paris vers le 10. Je songe non sans remords que je ne vous ai pas écrit depuis longtemps. L’oubli, soyez-en sûr, n’y est pour rien. J’avais d’ailleurs apporté ici avec moi les images en couleurs des « Dames voilées » et de « Comtesse Midralgar », ce qui m’a fourni l’occasion de les montrer aux amis qui passaient. Il se peut que ce dernier tableau, que j’ai hâte de voir, se montre à mon mur sur une photographie à paraître, parmi d’autres, dans l’Œil d’octobre qui consacre un article à ma « collection ». Vous m’excuserez, j’espère, et n’y verrez aucune velléité d’appropriation ! Mais je vois que la Comtesse ne se déplaisait pas à cette place et j’ai hésité à l’éloigner quand l’opérateur est venu. Il me tarde grandement de savoir ce que vous avez fait dans (et de) ces trois derniers mois. Nul besoin de vous dire que l’idée d’une exposition de vous me tient toujours à cœur : je vous écrira à ce sujet dès que j’aurai repris contact avec l’Étoile scellée. Je n’ai pas remis le petit cahier que vous m’avez fait tenir à Alain Jouffroy (il était d’ailleurs à Venise) mais bien à mon ami Adrien Dax, de Toulouse, parce qu’il l’appréciait au possible et que j’estimais qu’il ne pouvait être en meilleures mains.

Présentez, je vous prie, mon souvenir et mes compliments à Mademoiselle Monique. - Oh j’allais oublier : il n’a pu être donné suite au projet d’illustration pour Jules César. Comme, presque en vous pressentant, j’avais écrit à Joyce Mansour pour la disposer tout en ce sens, j’ai appris d’elle qu’elle s’était déjà engagée par l’intermédiaire de l’éditeur, Pierre Seghers, pour que le conte paraisse avec plusieurs eaux-fortes ou pointes sèches de Bellmer. Rien ne pouvait plus se rattraper et je puis vous assurer qu’elle en était très malheureuse. J’espère bien que ce sera pour la prochaine fois. Cela m’a tellement contrarié, pour ma part, que j’ai revus de jour en jour de vous le dire.

Croyez à toute mon admiration et à toute mon amitié.

André Breton

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