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Dessin au crayon et crayon de couleur recto-verso daté de 1920 acquis par André Breton à la Compagnie de l'Art Brut vers 1948.
Inscrit au dos, dans le corps du texte : Wölfli, 1920
« On sait que le surréalisme a pris à son compte certaines caractéristiques du style des schizophrènes. Quand ceci était fait avec le secours de l'art, la discussion ne pouvait que dévier, en devenant esthétique. Quand, par contre, c'était seulement ces caractéristiques qui étaient appliquées sans que pour cela surgît une œuvre d'art, le résultat était fatal.
Une comparaison de telles productions avec celles de Wölfli rend encore plus intense la fascination de ces dernières. Pourquoi ? A quoi tient cette différence, puisque Wölfli, lui non plus, ne réalisa pas une œuvre de valeur artistique ? La cause nous semble en être la suivante : Wölfli ne s'est pas pourvu de ce style en visant à des effets inhabituels et frappants, mais ce style est l'expression de son univers. Quand Wölfli contamine et stylise, lie le profond au banal et parle en symboles sexuels, il y a derrière tout cela un centre, une personne qui ne peut s'exprimer et se donner figure que de la sorte. L'œuvre de Wölfli est authentique, harmonieuse en elle-même et nécessaire ; c'est pourquoi elle produit l'impression d'unité et tient en éveil la participation. » Théodore Spoerri (« L'armoire d'Adolf Wölfli », In : Le surréalisme, même, n° 4, printemps 1958, p. 54)
Aloïse fut avec Wölfli, aux yeux de Breton à qui appartenait ce dessin, la plus inspirée des artistes schizophrènes. « Chez Wölfli la maladie mentale et la claustration eurent pour conséquence la création d'un univers entièrement imaginaire par lequel il prenait sur la réalité la plus éclatante revanche ». (André Breton, Une des trois ou quatre œuvres capitales du XXe siècle, 1965). (José Pierre, Robert Lebel (Avant-propos de), L'aventure surréaliste autour d'André Breton, Paris, Filipacchi, Artcurial, 1986, p. 131)
Art Brut
« Dans ce véritable manifeste de l'Art brut que constitue la notice datée d'octobre 1948, notre ami Jean Dubuffet insiste on ne peut plus justement sur l'intérêt et la spéciale sympathie que nous portons aux œuvres qui "ont pour auteurs des gens considérés comme malades mentaux et internés dans des établissements psychiatriques". Il va sans dire que je m'associe pleinement à ses déclarations : "Les raisons pour lesquelles un homme est réputé inapte à la vie sociale nous paraissent d'un ordre que nous n'avons pas à retenir." Je me déclare en non moins parfait accord avec Lo Duca, auteur d'un remarquable article intitulé L'Art et les Fous qu'on m'a communiqué sans malheureusement pouvoir m'en indiquer la référence et dont je me bornerai à citer ces fragments : "Dans un monde écrasé par la mégalomanie et l'orgueil, par la mythomanie et la mauvaise foi, la notion de folie est bien imprécise." On a d'ailleurs remarqué qu'un nombre excessivement restreint de mégalomanes est soigné par les psychiatres. En effet, dès que la folie devient collective - ou se manifeste par le truchement de la collectivité - elle devient taboue... À nos yeux, le fou authentique se manifeste par des expressions admirables où jamais il n'est contraint, ou étouffé, par le but raisonnable. Cette liberté absolue confère à l'art de ces malades une grandeur que nous ne retrouvons avec certitude que chez les Primitifs...
Il est à observer qu'une gêne croissante, dès qu'il s'agit de la place à faire à de telles œuvres, n'a cessé depuis un demi-siècle de s'exprimer dans les milieux psychiatriques - soit dans un cercle où pourtant ces œuvres étaient essentiellement considérées en fonction de leur valeur clinique. Déjà dans son ouvrage L'Art chez les fous, publié en 1905, Marcel Réja s'oppose à ce que leur qualité maladive les fasse tenir pour "des choses hors cadre, sans rapport avec la norme" et se montre sensible à la beauté de certaines d'entre elles. Hans Prinzhorn (Bildnerei des Geistenkranken, 1922) en révélant celles qui lui paraissent les plus remarquables - notamment d'August Neter, de Hermann Beil, de Joseph Sell et de Wölfli - et en leur assurant une présentation pour la première fois digne d'elles, appelle leur confrontation avec les autres œuvres contemporaines, confrontation qui, sous bien des rapports, tourne au désavantage de celles-ci...
Je ne craindrai pas d'avancer l'idée, paradoxale seulement à première vue, que l'art de ceux qu'on range dans la catégorie des malades mentaux constitue un réservoir de santé morale. Il échappe en effet à tout ce qui tend à fausser le témoignage qui nous occupe et qui est de l'ordre des influences extérieures, des calculs, du succès ou des déceptions rencontrées sur le plan social, etc. Les mécanismes de la création artistique sont ici libérés de toute entrave. Par un bouleversant effet dialectique, la claustration, le renoncement à tous profits comme à toutes vanités, en dépit de ce qu'ils présentent individuellement de pathétique, sont ici les garants de l'authenticité totale qui fait défaut partout ailleurs et dont nous sommes de jour en jour plus altérés. » André Breton (Le Surréalisme et la peinture, Nouvelle édition revue et corrigée, 1928-1965, Paris, Gallimard, 1965, pp. 313-316)
Expositions
- Paris, Musée national d'art moderne/Centre Georges Pompidou, André Breton, la beauté convulsive, 1991, rep.p.435, p. 497
Bibliography
- Théodore Spoerri, « L'armoire d'Adolf Wölfli », In : Le Surréalisme, même, n° 4, printemps 1958, rep.s.p.
- José Pierre, Robert Lebel (Avant-propos de), L'aventure surréaliste autour d'André Breton, Paris, Filipacchi, Artcurial, 1986, rep.p.131
Creation date | 1920 |
Date of publication | 1920 |
Languages | French |
Physical description | 33,3 x 22,6 cm (13 1/8 x 8 7/8 in.) - Crayon et crayons de couleur sur papier double face |
From / Provenance | Acquis par André Breton à la Compagnie de l'Art Brut vers 1948 |
Breton Auction, 2003 | Lot 4025 |
Keywords | Art Brut or naive, Graphic Arts |
Categories | Modern Paintings |
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