Description
Lettre de Guy Cabanel adressée à José Pierre et datée du 27 septembre 1959.
Transcription
S. Lizier le 27 Septembre 1959
Cher José Pierre. 28 rue Saint Claude. Paris III
André Breton, lors de la visite qu’Adrien Dax, Robert Lagarde et moi lui rendîmes, ayant formulé le souhait de nous voir soumettre quelques idées pour l’exposition, et quelques textes pour, éventuellement, figurer dans son catalogue, je vous adresse joint :
Trois pages, pas forcément consécutives, extraites de « Maliduse », l’ouvrage que je prépare.
En ce qui concerne l’exposition, ma principale idée serait d’introduire des éléments vivants.
Le lieu est, je crois, constitué par une grande salle et plusieurs pièces contigües. Ces pièces pourraient être traitées en chambres. Voici donc ce que seraient quelques unes de ces chambres :
I. Le sol est recouvert d’une épaisse de gélatine qui rappelle d’assez près la matière dont sont constituées les méduses. Un ou plusieurs de ces animaux sont exposés, en compagnie de poulpes, dans un grand aquarium en forme de lit à colonnes fermé par des rideaux. Les visiteurs seraient invités à lever le rideau.
II. La chambre est pleine de brouillard au travers duquel on distingue quelques gigantesques formes phalliques. Sur leur pourtour, des plantes carnivores drosera, népenthès etc. Tendus de l’une à l’autre, des hamacs ou trainent quelques sous-vêtements féminins visiblement déjà portés. Les visiteurs seraient invités à s’étendre dans ces hamacs.
III. Chambre verte sous une lumière crue. Un canapé rouge couvert de fourmis. A hauteur des yeux, sur un plancher spécial des mantes évoluent. Au sol, toutes sortes d’insectes agressifs. Sur une table basse, des instruments de chirurgie.
Dans la salle, deux nonnes très parfumées se dandinent parmi l’assistance, s’entretenant à haute voix de leurs amours.
Une forêt de jambes moites gainées de bas, le haut de la cuisse touchant le plafond, pourrait occuper l’entrée, sur toute la cuisse touchant le plafond, pourrait occuper l’entrée, sur toute la largeur de la salle et sur cinq mètres de longueur. Les jambes seraient espacées de 40 à 50 cm ; obligeant le visiteur à passer en biais. Une légère odeur d’urine flotterait sur ce passage.
Amitiés
Guy Cabanel
S. Lizier
Ariège
Place of origin
Place of destination
Exhibition place
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Transcription:
S. Lizier le 27 Septembre 1959
Cher José Pierre. 28 rue Saint Claude. Paris III
André Breton, lors de la visite qu’Adrien Dax, Robert Lagarde et moi lui rendîmes, ayant formulé le souhait de nous voir soumettre quelques idées pour l’exposition, et quelques textes pour, éventuellement, figurer dans son catalogue, je vous adresse joint :
Trois pages, pas forcément consécutives, extraites de « Maliduse », l’ouvrage que je prépare.
En ce qui concerne l’exposition, ma principale idée serait d’introduire des éléments vivants.
Le lieu est, je crois, constitué par une grande salle et plusieurs pièces contigües Ces pièces pourraient être traitées en chambres. Voici donc ce que seraient quelques unes de ces chambres :
I- Le sol est recouvert d’une épaisse de gélatine qui rappelle d’assez près la matière dont sont constituées les méduses. Un ou plusieurs de ces animaux sont exposés, en compagnie de poulpes, dans un grand aquarium en forme de lit à colonnes fermé par des rideaux. Les visiteurs seraient invités à lever le rideau.
II- La chambre est pleine de brouillard au travers duquel on distingue quelques gigantesques formes phalliques. Sur leur pourtour, des plantes carnivores drosera, népenthès etc. Tendus de l’une à l’autre, des hamacs ou trainent quelques sous-vêtements féminins visiblement déjà portés. Les visiteurs seraient invités à s’étendre dans ces hamacs.
III- Chambre verte sous une lumière crue. Un canapé rouge couvert de fourmis. A hauteur des yeux, sur un plancher spécial des mantes évoluent. Au sol, toutes sortes d’insectes agressifs. Sur une table basse, des instruments de chirurgie.
Dans la salle, deux nonnes très parfumées se dandinent parmi l’assistance, s’entretenant à haute voix de leurs amours.
Une forêt de jambes moites gainées de bas, le haut de la cuisse touchant le plafond, pourrait occuper l’entrée, sur toute la cuisse touchant le plafond, pourrait occuper l’entrée, sur toute la largeur de la salle et sur cinq mètres de longueur. Les jambes seraient espacées de 40 à 50 cm ; obligeant le visiteur à passer en biais. Une légère odeur d’urine flotterait sur ce passage.
Amitiés
Guy Cabanel
S. Lizier
Ariège
merci infiniment pour cette transcription. Je l'ai reprise pour la mettre dans le bon champ, et le tour est joué. Merci Pradial !