VVV
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Collection complète de cette revue sans périodicité dirigée par André Breton, David Hare, Marcel Duchamp et Max Ernst.
21 images à venir, une longue notice descriptive, une exposition, une bibliographie.
Dessin d'André Masson à l'encre sur papier daté aux environs de 1930.
« [...] Le goût du risque est indéniablement le principal moteur susceptible de porter l'homme en avant dans la voie de l'inconnu.
« André Masson en est au plus haut point possédé : il n'est pas d'esprit sur qui gardent autant de prise les interrogations majeures qui jusqu'à nous déchirent les siècles - Héraclite, la Cabale, Sade, le romantisme allemand, Lautréamont - pas d'esprit qui leur ait offert un terrain de percussion si propice. Mais cet esprit est aussi délié d'eux, de tout l'irrésistible appel de la vie, cette vie qu'il est le seul peintre à toujours vouloir surprendre à sa source et qui l'amène à se pencher électivement sur les métamorphoses. La peinture d'André Masson n'a cessé de procéder de ces phénomènes de germination et d'éclosion saisis à l'instant où la feuille et l'aile, qui commencent à peine à se déplier, se parent du plus troublant, du plus éphémère, du plus magique des lustres. De la fixation de cet instant où l'être prend connaissance, elle ne s'est guère écartée que dialectiquement pour la fixation de l'instant où l'être perd connaissance, comme dans la Métamorphose des amants. L'érotisme, dans l'œuvre de Masson, doit être tenu pour la clé de voûte. C'est lui qui dispose de l'agencement convulsif des corps d'hommes et de femmes entraînant dans leur merveilleuse rixe jusqu'aux meubles qui n'étaient encore suspects que de garder leur empreinte. La vue de la fenêtre elle-même ne peut manquer de participer du vertige général avec ses nuages qui sont à jamais les cocons de toutes les idées, ses astres louches et ses feuillages frémissants. Techniquement le moyen de progression, de propulsion est ici fourni par la métaphore plastique à l'état pur, je veux dire littérairement intraduisible, dont le type parfait s'est trouvé réalisé dans le bâillon vert à bouche de pensée du mannequin présenté par Masson en janvier 1938 à l'Exposition internationale du surréalisme et qui en a été tenu à juste titre pour le premier brillant.
« Pour André Masson le Palais de la Découverte et le Musée de l'Homme ne sont pas, comme pour le commun des mortels, des lieux plus ou moins familiers pris dans le monde extérieur. Jour et nuit ouverts sur un autre registre de séductions, il est clair que dans sa tête ils préexistaient aux bâtiments qu'on a construits. Au point où nous en sommes, à pressentir de graves lacunes dans le temps, Masson par rapport à elles fait figure de Grand Troglodyte. C'est le guide le plus sûr, le plus lucide qu'il y ait vers l'aurore et les pays fabuleux. Avec lui, par-delà les prouesses des jongleurs et les exploits des tire-laine, nous touchons au mythe véritablement en construction de cette époque. En sa personne nous réconcilions pleinement l'artiste et le révolutionnaire authentiques, en son honneur il nous est donné de rendre toute sa jeunesse et toute son ardeur au mot fraternité.» André Breton, 1939 (Le Surréalisme et la peinture, Nouvelle édition revue et corrigée, 1928-1965, Gallimard, Paris, 1965, pp. 152-154).
- VVV, number 2-3, march 1943, rep.p. 71
Creation date | Vers 1930 |
Date of publication | 1930 |
Languages | French |
Physical description | 26 x 20 cm (10 1/4 x 7 7/8 in.) - Encre sur papier |
Copyright | © ADAGP, Paris, 2005. |
Breton Auction, 2003 | Lot 4363 |
Keywords | Graphic Arts, Surrealism |
Categories | Graphics |
Permanent link | https://cms.andrebreton.fr/en/work/56600100654790 |