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Descriptif

Cinquième numéro de La Révolution surréaliste, achevé d'imprimer le 15 octobre 1925. 

Cinquième numéro de La Révolution surréaliste, publié à la fin du mois d’octobre 1925 (et non le 15 comme indiqué sur la couverture), et imprimé à Alençon, comme les quatre numéros précédents. André Breton est rédacteur en chef, mais une bonne partie du numéro est conçu par Éluard : tandis que Breton est en vacances à Thorenc avec sa femme Simone, à la fin d’août, son ami recueille des rêves, des textes de Queneau, Morise, Dédé Sunbeam, et conçoit certaines pages, comme la dernière, avec un malicieux collage d’une lettre du Cardinal Dubois et d’une publicité pour tabernacles. Breton donne néanmoins « l’umoreuse » lettre de Jean Genbach, deux textes (« Léon Trostky : Lénine » et « Lettre aux voyantes »), et la couverture de la revue, un ensemble de numéros de revues importantes pour le mouvement, avec pour titre « Le Passé » (après avoir écarté l’idée de Desnos, à savoir une ceinture de chasteté ; un autre projet de couverture reproduisait un pugilat entre une promeneuse et un voleur). Une pensée typographique émerge : Breton demande que l’on donne les mêmes caractères pour Genbach que pour « Pourquoi je prends la direction de La Révolution surréaliste » ; la « Lettre aux voyantes » doit avoir les mêmes caractères que les rêves ; la note sur Lénine ceux de  « Manifestation Philosophies, Raymond Roussel » (Breton à Éluard, 3 septembre).

Le 20 septembre, il écrit à Simone Kahn pour lui annoncer que le numéro est presque prêt.

Le numéro s’inscrit dans la continuité du précédent. Après les ruptures et réorientations brutales des numéros 2, 3 et 4, les textes de la revue prolongent les explorations annoncées. Outre une appréciable quantité de poèmes (Desnos, Leiris, Éluard en donne deux), rêves (en particulier Morise) et de textes surréalistes, Genbach répond un an plus tard à l’enquête sur le suicide ; Jacques Baron continue sa chronique Décadence de la vie ; l’antipatriotisme reste bien présent dans le titre ironique de Max Ernst (« Vive la France »), et la revue de la presse « scandaleuse » (selon leurs auteurs) se concluant sur « Braves Allemands ! » La charge d’Aragon contre les Arts décoratifs (déjà présents dans le numéro 4) se double d’un sec échange d’amabilités avec Delteil, déjà attaqué au numéro précédent. Outre les dessins automatiques de Masson (« Soleils furieux » ; à noter que Breton voulait qu’on en supprimât le titre), Miró, Picasso, Ernst donnent plusieurs tableaux pour la revue. Trois tableaux appartenaient à Breton : « J’irai… Le chien de verre » de Chirico, « Terre labourée » de Joan Miró (tous deux récupérés par Simone Kahn en 1929), et « Le Piège » (lui aussi de Miró).

La revue accueille aussi de nouvelles signatures, qui ne sont pas toutes d’obédience strictement surréaliste. Queneau, Brasseur, Salomon Monny de Boully donnent des textes automatiques (on trouve sur le site un inédit de chacun). Les Tchèques sont présents eux aussi : Monny de Boully traduit un texte de Ristitch et un texte d’aliéné, Le Vampire. Les contributions s’ouvrent aux textes d’amateurs : Desnos transmet un ensemble de lettres et de nouvelles du facteur Ulysse Préchacq, un des poètes enfants, rêveurs et « bienheureux de la Poésie pure ». Breton avait envisagé de recueillir plusieurs interventions de voyantes, mais ne put le faire, par manque de place (lettre à Paul Éluard, 2 septembre 1925).

L’élément le plus remarquable de ce numéro, de l’aveu même de ses contributeurs, est l’inflexion bolchévique. « À part cela, l’activité extra-littéraire (révolutionnaire, etc.) fait de plus en plus grands progrès dans mon esprit », écrit Breton. Une pulsion révolutionnaire s’affirme : Éluard fait une revue très élogieuse du Saint-Just de Pierre de Massot ; une lettre d’André Masson à André Breton (transmise par ses soins) invite à quitter la « bohème révolutionnaire » et à embrasser la dictature du prolétariat. Breton écrit : « Il serait fâcheux, en effet, que nous continuions en fait d'exemple humain, à nous en rapporter à celui des Conventionnels français, et que nous ne puissions revivre avec exaltation que ces deux années, très belles d'ailleurs, après lesquelles tout recommence. Ce n'est pas dans un sentiment poétique, si intéressant soit-il, qu'il convient d'aborder une période même lointaine de révolution. (...) Nous sommes avant tout à la recherche de moyens insurrectionnels. » Il fait un accueil enthousiaste au livre de Trotski sur Lénine, dont il vante le génie. Révolution incarnée, son aura fascine jusqu’aux autres membres. Paul Éluard, qui s’est empressé de le lire, écrit : « Ce livre est un des plus grands que j’ai jamais lus. Dans ce livre rien qui ne me rebute. Je l’ai lu avec fièvre après ton article dont je te sais gré, dont il faut te savoir gré infiniment. Il est impossible, malgré toutes les préventions que nous puissions avoir contre le communisme, que nous ne fassions pas entièrement confiance à Trotski, qui a pu parler ainsi de la Révolution, de la Révolution faite homme. » (Éluard à Breton, 6-7 septembre 1925).

Ce virage révolutionnaire ne plaît pas à tout le monde. Les surréalistes sont attaqués par Drieu la Rochelle dans La Nouvelle Revue française du 1er août 1925, « La véritable erreur des surréalistes ». Choqué par le banquet Saint-Pol Roux, il les accuse d’abandonner la spécificité de leur mouvement pour verser dans la provocation et le communisme. Aragon lui répond très durement dans la revue de Gallimard, et manque de publier une attaque fort injurieuse dans La Révolution surréaliste. Grande indécision, à mesure qu'il faut préciser la position du groupe : les incertitudes sont même entre les deux figures historiques. Aragon prend soin de ne pas publier une réponse à l’attaque de Breton (dans sa note sur Lénine de Trotsky) contre ses déclarations passées (« Moscou la gâteuse » dans Un cadavre) ; il y préfère une fort longue lettre de clarification (7 septembre 1925) pour éviter les « [fanfaronnades] qui [donnent] de l’élan à [leurs] ennemis » (Éluard, lettre à Breton, 6-7 septembre 1925).

Dans ce contexte révolutionnaire, après le rapprochement avec Clarté et la publication de La Révolution de d'abord et toujours ! (qui proteste contre la guerre au Maroc), les surréalistes deviennent paranoïaques : Éluard demande à Breton de déchirer ses lettres, après que le tract La Révolution d’abord et toujours ! a attiré l’attention de la police au point d'entraîner des désistements.

Les archives d’André Breton permettent de lire un certain nombre d’inédits : un texte de Queneau, une note d’Aragon dirigée contre la NRF, ainsi qu’un inédit d’Alexis Remizov. Les finances de la revue sont difficiles : une facture permet d’estimer les frais à plus de 1 600 francs. Éluard informe Breton qu’une traite de l’Imprimerie alençonnaise est passée au bureau. Éluard doit avancer à regret l’argent des clichés en prenant de l’argent à son propre père ; à son retour, Breton survivra par un prêt de Noll. Léger essoufflement ? On ne retrouve qu’une seule demande d’abonnement en octobre et une seule candidature : celle d’un jeune surréaliste de 15 ans. Le surréalisme est toujours à l'ordre du jour, mais, pour avoir plus d'efficacité, il sera désormais révolutionnaire. [Antoine Poisson, site André Breton, 2022]

 

 

Table des matières

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Transcription

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Notes de l'éditeur

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Bibliographie

Existe aussi sous forme de reprod. en fac-sim., New York : Arno press, [1968?] ; Paris : J.-M. Place, 1975 ; Paris : J.-M. Place, 1991.

Notice Sudoc

Transcription du numéro sur le site de Mélusine

Date de création15/10/1925
Notes bibliographiques

In-12, couverture orange, 32 pages avec illustrations. Imprimé à 1000 exemplaires et 10 exemplaires de luxe.

Numéro5
Éditionédition originale
Languesfrançais
Dimensions21,00 cm
Nombre de pages32 p.
Vente Breton 2003Lot 1130
Mots-clés,
CatégoriesLivres et revues, Revues
Série[Revue] La Révolution surréaliste, [Revue] La Révolution surréaliste, 5
Lien permanenthttps://cms.andrebreton.fr/fr/work/56600101002201

Notice reliée à :

2 Œuvres
 
False

La Révolution surréaliste, 6

-

Numéro six de La Révolution surréaliste, en fascicule, mars 1926.
Deux images, une notice descriptive, une exposition, des liens, un feuilletoir.

[Manuscrits d'AB] Le Surréalisme et la peinture, [Revue] La Révolution surréaliste, [Revue] La Révolution surréaliste, 6

False

La Révolution surréaliste, 4

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Louis Aragon, Jacques-André Boiffard, André Breton, Robert Desnos, Paul Éluard, Michel Leiris, Georges Malkine, Max Morise, Marcel Noll, Benjamin Péret, Man Ray, Philippe Soupault

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Quatrième numéro de La Révolution surréaliste, publié le 15 juillet 1925 sous la direction d'André Breton.

36 images, une notice descriptive, une bibliographie, deux séries, des liens, une exposition.

[Revue] La Révolution surréaliste, [Revue] La Révolution surréaliste, 4