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Manifestation Philosophies du 18 mai 1925 ; Raymond Roussel : L'Étoile au front

Manuscrit

Auteur

Auteur Paul Éluard
Personnes citées Henri Lefebvre, Pierre Morhange, Norbert Guterman, Georges Politzer, Georges Politzer, Raymond Roussel

Descriptif

Manuscrit de Paul Éluard destiné au quatrième numéro de La Révolution surréaliste (juillet 1925).

Le groupe Philosophie est formé le 15 mars 1924 autour d'une revue dirigée par Pierre Morhange, Norbert Guterman et Georges Politzer, tous étudiants en philosophie à la Sorbonne. Ils sont bientôt rejoints par Henri Lefebvre. Leur projet se présente ainsi : « Philosophies est vraiment la revue de la nouvelle génération littéraire dont le mouvement s'applique à la POESIE, à l'ANALYSE et à la renaissance de la PHILOSOPHIE ».

Entre 1924 et 1925, paraissent cinq numéros, qui laissent percevoir le souci de diffuser le marxisme sans l'enfermer dans un économisme strict. Les débuts sont d'un avant-gardisme de bon ton, sous la houlette de Max Jacob, dont le carnet d'adresses profite aux jeunes auteurs (Delteil, Jouhandeau, Drieu la Rochelle, etc.). À la fin de 1924, Jacob rompt avec le groupe attiré de plus en plus par l'engagement politique. En effet, si Philosophies publie encore Cocteau, Salmon, Supervielle, en septembre 1924, Morhange publie dans le numéro 3 (sous le pseudonyme de John Brown) son « Billet » qui donne le la. Il appelle à « l'aventure absolue » et se replie dans « l'anti-esthétique », lequel pallie un « nouveau mysticisme » censé se distinguer du bergsonisme.

Ce nouveau mysticisme refuse à la fois le désespoir quotidien et la mystique chrétienne. Comme le note Michel Trebitsch : « D'emblée, en effet, " ce nouveau mysticisme " se présente comme critique, à la fois du rationalisme et des religions et métaphysiques établies. C'est pourquoi il prend un tour volontairement provocant, comme en témoignent l'Enquête sur Dieu lancée en novembre 1924 (n°4) ou le projet d'une Revue des Pamphlétaires, dont l'unique numéro est ce Pamphlet contre les catholiques de France que publie dulien Green sous le pseudonyme de Théophile Delaporte. (...) La cible principale, c'est le rationalisme dominant, qu'il s'agisse de l'idéalisme kantien que, plus qu'Alain, incarne Léon Brunschvicg qui règne sur la Sorbonne, ou du " rationalisme " néothomiste qui renaît avec vigueur après guerre, en particulier avec dacques Maritain. Ainsi, les jeunes philosophes se rangent-ils dans le camp du spiritualisme et participent-ils à ce " procès de l'intelligence " qui éclate au lendemain de la victoire dans des conditions très nouvelles, puisque c'est de plus en plus de la gauche que vont fuser les attaques contre la raison, c'est-à-dire contre le " logos " occidental. » (in Michel Rebitsch, Le groupe  «Philosophies », de Max Jacob aux Surréalistes (1924-1925), in Les Cahiers de l'Institut d'Histoire du Temps Présent, n°6, novembre 1987. Générations intellectuelles. Effets d'âge et phénomènes de génération dans le milieu intellectuel français. pp. 29-38.).

En recherche de primauté de radicalité, les surréalistes avaient envoyé une lettre fort agressive à Morhange en octobre 1924, lui interdisant le nom de « surréaliste ». En novembre, Norbert Guterman et Henri Lefebvre dénoncent l'attirance des ex-dadaïstes pour le désespoir et la destruction totale (H. Lefebvre, « Sept manifestes dada » et N. Guterman, « La fin d'une histoire. Quelques notes sur le " Surréalisme " de M. Breton », Philosophies, n°4, 15 novembre 1924.). Après la rupture avec Max Jacob en décembre 1924, une convergence s'amorce par les enquêtes. Les surréalistes évoquent l'enquête du groupe sur Dieu dans le numéro 1 de La Révolution surréaliste (p. 31). Dans le numéro 2 (janvier 1925), Breton « demande en grâce à certains de mes amis de ne pas combattre l’activité, peut-être toute extérieure au surréalisme, mais haute de mobiles, de Pierre Morhange » (« Le Bouquet sans fleurs », n°2,p. 23, repris in OC 1, p. 897-898). Le rapprochement s’affirme avec le manifeste de Lefebvre, donné en mars 1925 : Positions d'attaque et de défense du nouveau mysticisme, qui appelle à l'action par la réunion de toutes les avant-gardes, vers la « révolte de l'esprit ». En mai, le groupe organise la conférence agitée « Ouvrez votre testament », où en présence de Breton et d'Éluard ses membres appellent à la « révolution philosophique ». Peu après surviendra le banquet Saint-Pol-Roux. En été, au moment où le P.C. s'ouvre aux jeunes intellectuels et où aussi bien Clarté que La Révolution surréaliste traversent une crise d'identité, la dénonciation de la guerre au Maroc dans le tract La Révolution d'abord et toujours ! verra la réunion des trois groupes. Le manifeste revendique la « révolte de l'esprit » tout au refusant à l'esprit son autonomie quant à la réalité : « Cette révolution, nous ne la concevons que sous sa forme sociale », en août 1925. Cette politisation continuera en projet de fusion dans une nouvelle revue, Guerre civile. Cependant, Philosophies quittera le projet dès octobre.

Raymond Roussel bénéfice d'une grande faveur auprès des surréalistes. Breton déclare dans Le Manifeste du surréalisme que Raymond Roussel était « surréaliste dans l'anecdote ». Le premier numéro se conclue sur une correspondance entre Benjamin Péret et P. Leiris, où l'auteur de La Brebis galante demande en vain une entrevue. Les futurs surréalistes se rendent à plusieurs représentations des pièces de Raymond Roussel, les défendant avec le poing dans le cas nécessaire, comme lors de la première de L'Étoile au front. Accusé d'être de la claque, Desnos répond « Nous sommes la claque et vous êtes la joue ». Roussel rappelle plus tard l'incident dans son ouvrage Comment j'ai écrit certains de mes livres. [Antoine Poisson, site André Breton, 2022]

 

Bibliographie

Paul Éluard, « Manifestation Philosophies du 18 mai 1925 », « Raymond Roussel : L'Étoile au front », La Révolution surréaliste, n°4, juillet 1925, p. 30.

Lire ce texte dans La Révolution surréaliste n° 4

Date de créationsd (juillet 1925)
Notes bibliographiques

Ms, encre noire - deux pages avec un collage pour l'imprimerie.

Languesfrançais
Bibliothèque

Bibliothèque littéraire Jacques Doucet, Paris : 7208 (82)

Nombre de pages2 p.
Mots-clés, , ,
CatégoriesManuscrits, Manuscrits des membres du groupe
Série[Revue] La Révolution surréaliste, 4
Lien permanenthttps://cms.andrebreton.fr/fr/work/56600101002110