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Lettre datée de Paris, le 2 février 1934
Auteur
Auteur André BretonPersonnes citées Marcelle Ferry, Adolf Hitler, Salvador Dalí, Paul Éluard, Tristan TzaraDestinataire Alberto Giacometti
Descriptif
Lettre d'André Breton à Alberto Giacometti datée de Paris le 2 février 1934.
Transcription
Paris le 2 février 1934.
Très cher Enfant et Ami,
tu sais bien que tu es le personnage qui me manque le plus. Quand tu nʼes pas là il nʼy a plus ni jeunesse, ni clarté, ni jeu, ni certitude sur le plan intellectuel sans compter que si ce nʼest pas toi quʼon attend le soir au café, cʼest peut-être bien quʼon nʼattend personne.
Plaisir à part de te retrouver, il est absolument nécessaire que tu reviennes très vite. Tout ne va pas précisément tout seul. Sans parler de lʼéclipse de lune de mercredi qui mʼa été physiquement et moralement très funeste, il y a pas mal de tirage quant à la mise sur pied de la nouvelle revue surréaliste.
[dessin et mesures]
drapeau noir (lettres rouges) [en marge gauche]
drapeau rouge (lettres noires) [en légende]
(Le texte sera imprimé en largeur sur 2 ou 3 colonnes suivant les cas).
Jʼai, en effet, sommé par lettre Dali de renoncer à ce que je considère comme ses errements récents : apologie dʼHitler, de la peinture académique, présentation publique rue Gauguet de la grande toile : « LʼÉnigme de Guillaume Tell ». Il sʼen est suivi une discussion très orageuse, au cours de laquelle Dali a même été exclu. Comme il est revenu, consentant à signer un texte très précis qui nous donnait satisfaction, cette exclusion a naturellement été levée mais, de Nice, Éluard et Tzara me font savoir quʼils désapprouvent nettement cette mise en demeure. Je pense que cela nʼaura pas pour le surréalisme de conséquence grave, cependant.
Je renonce à te mettre au courant point par point du détail des délibérations qui ont abouti hier à une unification parfaite de tous les points de vue, notamment politiques, qui sont ceux de nos camarades présents à Paris quant à lʼorientation à donner à la revue. Cʼest plus quʼon nʼosait espérer de ce côté.
Cʼest dit, nʼest-ce pas, tu reviens ? Ce voyage a assez duré.
Je me porte mal. Mes créanciers sont les gens qui tiennent le plus compte de mon existence.
Je vis, de plus, assez mal, entre les deux maisons. Lila parle souvent de toi et sʼennuie, je crois, de nos petits dîners. La petite fille est revenue hier.
Je ne suis toujours pas bien assuré dans ma vie. (Cette phrase non plus.)
Lʼanthologie prend forme assez lentement. On nʼest toujours pas entré en possession des exemplaires de V. N., plus ou moins saisis à la douane.
Pense à ce que tu peux faire dans cette revue, qui doit être, plus jʼy pense, malgré tout.
De tout cœur à toi
André B.
Date de création | 02/02/1934 |
Adresse de destination | |
Notes bibliographiques | 2 pages sur un feuillet in-4° rose |
Langues | français |
Lieu d'origine | |
Collection particulière | |
Nombre de pages | 2 p. |
Référence | 2003-4502 |
Mots-clés | lettre, politique, revue |
Catégories | Lettres d'André Breton |
Série | [Correspondance] Correspondance avec Alberto Giacometti |
Exposition | Alberto Giacometti - André Breton, Amitiés surréalistes |
Lien permanent | https://cms.andrebreton.fr/fr/work/56600101001864 |