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Lettre datée du 11 [juin] 1923
Auteur
Auteur Francis PicabiaDestinataire André BretonPersonnes citées Guy Cabanel, Pierre de Massot, Henri, dit le Douanier Rousseau, Jean Cocteau
Descriptif
Lettre de Francis Picabia à André Breton, datée du Tremblay-sur-Mauldre, le 11 juin 1923.
Transcription
Lundi 11 juin 1923.
Cher ami,
Si cela ne vous dérange pas, je compte aller vous voir mercredi après dîner, à neuf heures. J’ai envoyé aujourd’hui un petit article pour L’Ère nouvelle. Il se peut qu’il paraisse mercredi matin. Je vous le signale car j’ai eu plaisir à l’écrire. Je viens de recevoir Paris Journal. Les notes de Baron pas mal, mais inutiles ; l’article de Massot, sur Wiener, très mauvais, l’ensemble n’est même pas plat, mais vide, sans intérêt ; il n’y a donc plus rien ? Vraiment ce soir j’aimerais parler avec vous, non avec découragement, mais causer comme l’on a plaisir à écrire ou à peindre ; votre tête est toujours au-dessus des gaz que le troupeau littéraire souffle devant lui pour impressionner… qui… ?
La sévérité peut troubler la conscience, en avez-vous une ? Moi, je suis certain qu’elle m’a toujours manqué, l’opération réussit rarement… Il me semble que l’évolution n’a jamais été aussi rapide qu’en ce moment. Tout devient rond, ne trouvez-vous pas ; ceux qui n’aiment pas J.C. [Jean Cocteau] en parlent le plus, encore s’il avait fait une conférence à la Banque de France ! sur son Bœuf à la Mode, mais lui, Léger et les autres n’ont de prédisposition que pour la Gloire, revenir pour la gloire, n’est-ce pas.
Dans le temps (c’est une façon de parler), on était puni pour ses vertus, aujourd’hui on est puni pour ses vices ; le mot a changé pour exprimer la même chose.
J’ai été à l’exposition H. Rousseau, cet homme aurait été ravi de peindre comme Cabanel, il ne devait pas aimer sa peinture, mais envier la réputation. Cabanel s’est sacrifié pour la réputation. Rousseau est un toquard qui a gagné une course au xxe siècle. Les favoris, il vaut mieux ne pas en parler, cela ne rapporte rien, il ne faut pas jouer dessus, ne pas avoir l’air de les regarder.
Duchamp sera à Paris mercredi, je ferai mon possible pour le rencontrer et venir avec lui.
À mercredi, cher ami, et bien affectueusement à vous.
F.P.
P.S. Si cela ne marche pas pour mercredi soir, laissez un mot chez la concierge.
[Dessin en bas de page. La lettre comprend trois feuillets dont le second est occupé par un dessin en pleine page exécuté à partir des mots : Francis Picabia]
Bibliographie
André Breton, Correspondance avec Tristan Tzara et Francis Picabia, Gallimard, éd. Henri Béhar, Gallimard, Paris, 2017, p. 214-216
Librairie Gallimard
Date de création | 11/06/1923 |
Notes bibliographiques | Ms, encre noire - deux pages signées avec dessin. Enveloppe conservée. |
Langues | français |
Lieu d'origine | |
Bibliothèque | |
Dimensions | 27,10 x 20,80 cm |
Nombre de pages | 2 p. |
Référence | 19002088 |
Mots-clés | correspondance, lettre |
Catégories | Correspondance, Lettres à André Breton |
Série | [Correspondance] Correspondance avec Francis Picabia |
Lien permanent | https://cms.andrebreton.fr/fr/work/56600101001759 |