Descriptif

Lettre d'André Breton à Jacques Doucet, datée du 1er juillet 1924.

La lettre était accompagnée d'une lettre d'Ernest Delahaye à André Breton. [Site André Breton, 2020]

 

Transcription

Paris, le 1er juillet 1924

Bien cher Monsieur,

je vous communique la réponse d’Ernest Delahaye. Je vais lui donner rendez‑vous dès que vous m’aurez dit si vous pouvez me prêter vingt‑quatre heures les dessins.

Pour « L’Œuf dur », c’est bien ce que je pensais. Le prix de l’abonnement pour six numéros étant de 10 F, les quinze numéros constituant jusqu’ici la collection se vendent 10 × 15 6 , soit 25 . Les 10 f supplémentaires dont je vous parlais corres‑ pondent à l’abonnement aux six prochains numéros. Vous allez recevoir incessamment les deux numéros manquants, ainsi que celui prêt à paraître. J’ai remis à Gérard les 35 f de votre part.

Je regrette d’avoir plus rarement de vos nouvelles. Seriez‑vous un peu fâché avec moi ? Mais je m’excuse de vous questionner. Vous avez certainement lu l’article de Picabia dans « Paris‑Journal ». Cet article, venant après les protestations d’amitié que vous savez, prend vraiment un sens détestable. Il y a un mois, dans ce même journal, Picabia affirmait sa profonde estime pour moi et voici que je ne suis plus bon à rien. Le texte en question est, d’ailleurs, d’une mauvaise foi et d’une perfidie insensées. Jamais Aragon et moi nous n’avons reproché à qui que ce soit de ne plus être jeune. Ce serait par trop sot. Si Picasso était déjà célèbre à l’époque de notre première communion, ce n’est pas une raison suffisante pour que nous ne fassions plus cas de lui ; quant à Picabia, à la même époque, il jouissait d’une célébrité toute différente et, en somme, de moins bon aloi. Mais à quoi bon s’attarder à de tels arguments ? Le Congrès de Paris ? C’étaient précisément Picabia et Satie les plus enthousiastes. Presque tous mes amis m’ont engagé à répondre, à Tzara d’une part, à Picabia d’autre part. « Paris‑Journal » s’offrait à me faire interviewer. Réflexion faite, je n’y ai pas consenti, pour couper court à des polémiques qui, durant des mois, tiendraient encore lieu d’activité. Cependant, que Picabia n’aille pas trop loin dans le domaine de l’invective ou de la calomnie. Il y avait déjà, à la fin de cet article, une phrase nettement offensante et je ne sais trop comment j’en laisserais passer une seconde, de même caractère.

Il me serait très précieux d’avoir votre avis là‑dessus.

Je vous prie de croire, cher Monsieur, à l’expression de mes sentiments très affectueux et dévoués.

André Breton.

 

Bibliographie

André Breton, Lettres à Jacques Doucet, éd. Étienne-Alain Hubert, Paris, Gallimard, coll. Blanche, 2016, p. 189-192.

 

Librairie Gallimard

Date de création	24/07/1924
Notes bibliographiques	Deux pages sur un feuillet 27 × 21 cm, en‑tête imprimé : LITTÉRATURE / 6e année / DIRECTEUR : / ANDRÉ BRETON / 42, Rue Fontaine, PARIS (IXe) / Secrétaire de la rédaction : / MAX MORISE / 24, Avenue de Breteuil, PARIS (VIIe) / Administration : / 24, Avenue de Breteuil, PARIS (VIIe) / Dépositaire général : Librairie Gallimard / 15, Boulevard Raspail, PARIS (VIe). Encre bleue. — Enveloppe 11,5 × 15 cm, papier gris‑ bleu, en‑tête imprimé : LITTÉRATURE / 24, Avenue de Breteuil / PARIS (VIIe). Suscription : « Monsieur Jacques Doucet ». Encre verte.
Langues	français
Bibliothèque	MS 41512
Dimensions	21,00 x 27,00 cm
Crédit	© Aube Breton, Gallimard 2016
Mots-clés	correspondance, lettre
Catégories	Correspondance, Lettres d'André Breton
Série	[Correspondance] Lettres à Jacques Doucet
Lien permanent	https://cms.andrebreton.fr/fr/work/56600101001057

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