Vents
-
Alexis Léger, dit Saint-John Perse
Poème de Saint-John Perse, publié en 1946 chez Gallimard.
Deux images, une notice descriptive, un lien,une bibliothèque.
Auteur Alexis Léger, dit Saint-John PerseDestinataire André BretonPersonnes citées Gaston Gallimard, Maria Martins, dite Maria, Denis de Rougemont
Lettre de Saint-John Perse datée de Washington, le 21 septembre 1947 et adressée à André Breton chez Gallimard.
Enveloppe par avion adressée aux éditions Gallimard, réexpédiée : 42 rue Fontaine Paris IXe.
Lettre insérée dans l'exemplaire de Vents de Breton. [site André Breton, 2019]
Washington 3120 R. Street. N. W., 21 septembre 1947
Cher Ami,
Depuis votre départ de ce pays, où il est si absurde que nous n’ayons pu nous voir, j’ai bien souvent tenté d’avoir de vos nouvelles.
J’aurais voulu savoir quelque chose de vous-même, de votre action et de votre œuvre, des ressources nouvelles que vous trouvez dans le milieu que vous animez. Je vous le dis simplement, ne me laissez pas perdre tout contact avec vous. Je suis sans liens avec la vie de Paris et n’ai même plus le hublot de nos revues littéraires.
En dépit des conditions actuelles — et peut-être en raison même de ces conditions — je suis heureux pour vous que vous puissiez vivre à Paris. Certaines difficultés pour vous ne sont qu’un aiguillon. Je comprends bien en tout cas que votre place ne puisse être ailleurs, en ce moment. Vous y avez des obligations et d’abord celles qui vous lient à l’action autant qu’à la création littéraire. Et je trouve très justifié, sur ce plan intégral, votre souci humain de ne point dissocier la chose intellectuelle de la chose sociale.
Mais je pense aussi à d’autres difficultés, plus matérielles et immédiates, que vous avez à résoudre quotidiennement — celles-là même qui me tiennent seules encore loin de France. Puissent-elles, pour vous et les vôtres, ne pas trop entamer votre liberté d’esprit.
Si en quoi que ce soit d’ordre pratique, et même sur l’humble plan des commodités ménagères, je pouvais faire quoi que ce soit ici pour vous faciliter, de loin, la solution de quelqu’un de ces petits problèmes, dites-le moi, je vous prie, et je m’y emploierais bien volontiers, malgré mon peu de sens pratique. S’il y a quelque chose d’autre à ménager pour vous auprès d’amis, vous me le direz aussi.
La dernière fois que j’ai eu encore de vos nouvelles, c’est par Rougemont, en Amérique (juin dernier). Il m’a parlé de votre Fourier. J’aimerais le lire. Faites-le moi lire.
J’ai publié, sous le titre Vents , un long poème chez Gallimard. Je ne pense pas qu’il y ait eu de service de presse, ni même d’auteur, en raison du prix de cette publication (plus luxueuse que je ne l’eusse souhaitée). Mais vous êtes un des rares amis que j’aie voulu, personnellement atteindre. Si vous n’avez pas eu votre exemplaire, conformément aux assurances que j’ai reçues, réclamez-le de ma part chez l’éditeur.
J’ai d’autres œuvres en train ; mais retrouverai-je le goût de les publier ? Ma solitude est si totale et mon éloignement tel, que je n’y perçois, naturellement, aucun écho. Je ne sais absolument rien de nos milieux littéraires. Je n’imagine d’ailleurs pas, à l’heure actuelle, qui pourrait encore s’intéresser à des écrits de ce genre ; et je ne vois pas non plus qui pourrait encore témoigner en leur faveur.
Je vous souhaite en bonne santé, cher Ami, et maître de vos plus libres mouvements. Je connais votre intégrité de nature et sais qu’elle n’est pas prête aux compromis du jour.
J’espère revoir bientôt notre amie Maria Martins retour du Brésil. Elle me donnera peut-être de vos nouvelles.
Croyez que je mets dans l’expression de mon amitié une bien sincère pensée.
Henri Béhar (éd.), « Surréaliste à distance », Europe, nov.-déc. 1995, n° 799-800, pp. 59-84.
Date de création | 21/9/1947 |
Adresse de destination | |
Langues | français |
Lieu d'origine | |
Bibliothèque | |
Nombre de pages | 3 |
Référence | 19002328 |
Vente Breton 2003 | Lot 1011 |
Mots-clés | lettre, poésie, revue |
Catégories | Correspondance, Lettres à André Breton |
Série | [Correspondance] Correspondance avec Saint-John Perse |
Lien permanent | https://cms.andrebreton.fr/fr/work/56600101000727 |
-
Alexis Léger, dit Saint-John Perse
Poème de Saint-John Perse, publié en 1946 chez Gallimard.
Deux images, une notice descriptive, un lien,une bibliothèque.