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Lettre datée de Paris, le 27 décembre 1948
Auteur
Auteur André BretonPersonnes citées Elisa Claro Breton, Sandra Calder-Davidson, Cora, Merlin Hare, Jacqueline Lamba, David HareDestinataire Aube Breton, épouse Elléouët
Descriptif
Lettre d'André Breton à Aube, datée de Paris, le 27 décembre 1948.
Transcription
Paris, 27 décembre 1948
Il faut que j’écarte bien des rideaux de neige et d’oiseaux de mer pour arriver jusqu’à ma petite Aube. Je n’aime pas cette époque où il fait si froid, je ne l’ai jamais aimée : c’est peut-être parce qu’elle offrait si peu de séductions par elle-même qu’on y a mis ces fêtes coup sur coup. Et pour mon petit chéri on en a même prévu une en supplément, — pour elle toute seule, un peu en avance sur les deux autres. Il y a ainsi dans le ciel trois étoiles en droite ligne * * *, celle du milieu à égale distance des deux autres : je crois que cette petite constellation s’appelle les Trois Rois. Les Trois Rois, tu sais, ce sont les Rois mages — à peu près ce qu’il y a de plus joli dans la légende chrétienne — qui se sont mis en marche en se guidant sur une étoile, justement. Alors ces trois fêtes pour toi, cela fait dans mon esprit les Rois mages, à cheval, allant vers toi et m’aidant de toute leur lumière à te découvrir comme la première fois que je t’ai vue et que je te verrai toujours, même [quand] tu seras devenue tout à fait grande.
Raconte-moi, mon chéri, comment se passent ces jours pour toi. Dire que je ne sais pas même si tu es à Roxbury. Comment vont Jacqueline et David ? Comment as-tu retrouvé le petit Merlin ? Il me semble que tu as tant de choses à m’apprendre que je ne sais même plus comment interroger. Ton grand-père m’a communiqué la lettre que tu lui as écrite : tu penses s’il était content. Moi aussi, parce que j’attrapais au vol toutes sortes de petites informations et de petits échos te concernant qui m’intéressent au plus haut point. Mais, tout cela, ce ne sont que des petits hors-d’œuvre et tu ne vas pas me laisser en si grand appétit. As-tu retrouvé tes petites amies de l’ancienne école ? Et Sandra, la vois-tu toujours beaucoup ?
Ici il n’y a toujours pas grand-chose de changé. Il n’y a pas de voyage prévu pour cet hiver et c’est bien dommage parce que l’atelier est toujours glacial. Au printemps je dois aller faire des conférences à Fribourg , Francfort , Hambourg (Allemagne) et à Vienne (Autriche) . Peut-être aussi au Maroc
Elisa attend sa sœur dans les très prochains jours. Elle doit rester trois semaines à Paris avec ses deux enfants, l’un de dix-sept ans, l’autre une petite fille de dix ans, avant de se rendre en Turquie et en Asie. Je n’ai pas besoin de te dire que c’est un grand événement pour Elisa .
Écris-nous, mon petit oiseau. Que l’année 1949 t’ouvre des portes enchantées et que par l’une de ces portes il me soit donné de te voir entrer pour te retrouver près de moi.
Je te serre de tout le lierre du monde.
André
Bibliographie
André Breton (éd. Jean-Michel Goutier), Lettres à Aube, Paris, Gallimard, 2009, p. 38-39
Librairie Gallimard
Date de création | 27/12/1948 |
Date du cachet de la Poste | 29/12/1948 |
Adresse de destination | |
Notes bibliographiques | 2 pages in-4° |
Provenance | Paris |
Lieu d'origine | |
Bibliothèque | Bibliothèque littéraire Jacques Doucet, Paris : Ms Ms 41363_37 |
Modalité d'entrée dans les collections publiques | Don Aube et Oona Elléouët à la Bibliothèque littéraire Jacques-Doucet, Paris, 2003 |
Nombre de pages | 2 |
Crédit | © Aube Breton, Gallimard 2009 |
Référence | 19004928 |
Mots-clés | lettre, New York |
Catégories | Correspondance, Lettres d'André Breton |
Série | [Correspondance] Lettres à Aube |
Lien permanent | https://cms.andrebreton.fr/fr/work/56600101000078 |