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Huile sur bois et sur carton datée de 1927.
Une image, une notice descriptive, une bibliographie, des expositions.
Relief en bois peint daté de 1927, montré en 1991 à l'exposition « André Breton, la beauté convulsive » au Centre Georges Pompidou.
Relief en bois peint et doré . Don de Mmes Aube Breton-Elléouët et Oona Elléouët au Centre Georges Pompidou.
« Tout ce que j'aime, tout ce que je pense et ressens, m'incline à une philosophie particulière de l'immanence d'après laquelle la surréalité serait contenue dans la réalité même, et ne lui serait ni supérieure ni extérieure. Et réciproquement, car le contenant serait aussi le contenu. Il s'agirait presque d'un vase communicant entre le contenant et le contenu. C'est dire si je repousse de toutes mes forces les tentatives qui, dans l'ordre de la peinture comme de l'écriture, pourraient avoir étroitement pour conséquence de soustraire la pensée de la vie, aussi bien que de placer la vie sous l'égide de la pensée. Ce qu'on cache ne vaut ni plus ni moins que ce qu'on trouve. Et ce qu'on se cache, que ce qu'on permet aux autres de trouver. Une rupture, dûment constatée et soufferte, une seule rupture atteste à la fois de notre commencement et de notre fin.
» Du sentiment hautain de notre discontinuité, du pari de vivre, d'homologuer tour à tour à peu près tout ce qui se propose, de nous rendre à nous-même la monnaie de notre pièce, nous déduisons, nous avons la faiblesse de déduire que nous valons mieux que ce pour quoi nous passons. Les menuisiers, qui sous la direction de Arp obtiennent à peu près ce qu'il veut du bois dont on fait les flûtes et les effroyables étagères, se rendent complices de ce grand crime qu'est aujourd'hui le crime de lèse-réalité. Nous marchons sur le sable où chacun de nos pieds laisse un trou, qui n'est déjà plus à la dimension de ce pied ; il y a des objets vides séparés par des intervalles pleins, des moules secrets d'où des masques de verre sortent usés.
» Les "reliefs" de Arp, qui participent de la lourdeur et de la légèreté d'une hirondelle qui se pose sur le fil télégraphique, ces reliefs qui empruntent dans leur savante coloration tous les ramages de l'amour et auxquels en même temps leur découpage hâtif confère tous les déliés de la colère, ces boucles dures ou tendres sont bien pour moi ce qui résume le mieux les chances de généralité des choses particulières, ce qui me permet de faire le plus faible état de la variante.
"Nature morte : Table, Montagne, Ancres et Nombril" (Prononcez : ombril. Ce n'est pas en vain que Arp s'applique singulièrement à faire entendre ainsi ce mot : un nombril, des ombrils. Qui sait si la tache d'ombre n'est pas précisément pour lui cette petite couronne noire qu'il répand à profusion sur ses planches d'animaux, de plantes et de pierres ? Ombril, mot étrange, lapsus que je n'hésiterai pas à qualifier de tragique, serpent sous roche, idée. Idée immobile au seuil de l'esprit, idée que l'esprit chaque jour heurte au passage et qu'il n'affronte pas !) L'heure de la distribution, avec Arp, est passée. Le mot table était un mot mendiant : il voulait qu'on mangeât, qu'on s'accoudât ou non, qu'on écrivît. Le mot montagne était un mot mendiant : il voulait qu'on contemplât, qu'on escaladât ou non, qu'on respirât. Le mot ancres est un mot mendiant : il voulait qu'on s'arrêtât, que quelque chose rouillât ou non, puis qu'on repartît. En réalité, si l'on sait maintenant ce que nous voulons dire par là, un nez est parfaitement à sa place à côté d'un fauteuil, il épouse même la forme du fauteuil. Quelle différence y a-t-il foncièrement entre un couple de danseurs et le couvercle d'une ruche ? Les oiseaux n'ont jamais mieux chanté que dans cet aquarium.
» Nous sommes très loin, quoi qu'on en dise, très haut et nullement disposés à revenir sur nos pas, à redescendre. Il ne faudrait pourtant pas nous prendre pour des fanatiques de l'invention. Nous nous bornons à affirmer qu'au-dessous de nous, mais combien au-dessous de nous :
» "La flore est diverse à peu près,
» "Comme des bouchons de carafes." (Rimbaud)
» Ô départ impossible, ô vous grands trains de lierre ! »
André Breton (Le surréalisme et la peinture, Nouvelle édition revue et corrigée 1928-1965, Paris, Gallimard, 1965, rep.p. 46-47)
- Présentation des collections permanentes (collections modernes) : Paris (France), Musée national d'art moderne, 01 avril 2003-01 avril 2004
- Présentation des collections permanentes (collections modernes) : Paris (France), Musée national d'art moderne, 15 décembre 2006-15 décembre 2007
- Arp is Arp : dessins, collages, reliefs, sculptures, poésie : Strasbourg (France), Musée d'Art moderne et contemporain de la Ville de Strasbourg, 17 octobre 2008-15 février 2009 // Remagen (Allemagne), Stiftung Arp Museum Bahnhof Rolandseck, 12 mars 2009-14 juin 2009
- Présentation des collections permanentes (collections modernes) - 3ème rotation : Paris (France), Musée national d'art moderne, 20 septembre 2011-01 avril 2012
- Robert Benayoun, Érotique du surréalisme, Paris, Jean-Jacques Pauvert Éditeur, 1965, rep. p.100
- André Breton, Le Surréalisme et la peinture, Nouvelle édition revue et corrigée 1928-1965, Paris, Gallimard, 1965, rep.p. 46-47
- André Breton (Édition publiée sous la direction d'Étienne-Alain Hubert avec la collaboration de Philippe Bernier et Marie-Claire Dumas), Le Surréalisme et la Peinture, Œuvres complètes, tome IV, Écrits sur l'art et autres textes, Bibliothèque de la Pléiade, Paris, Gallimard, 2008, ill. rep. p. 405.
- Bernd Rau, Hans Arp, Die Reliefs, uvre-Katalog, Stuttgart, Verlag Gerd Hatje, 1981, rep. p.71, n° 135
- Paris, Musée national d'art moderne/Centre Georges Pompidou, André Breton, la beauté convulsive, 1991, rep. p.271
Date de création | 1927 |
Date d'édition | 1927 |
Langues | français |
Notes | 136 x 100 cm (53 1/2 x 39 3/8 in.) - Huile sur contreplaqué, bois,"bronzine" |
Provenance | sl |
Lieu d'origine | |
Musée | Musée national d'Art moderne, Centre Pompidou, Paris : AM 2003-580 |
Modalité d'entrée dans les collections publiques | Musée national d'Art moderne, Centre Pompidou, don Aube et Oona Elléouët |
Crédit | © ADAGP, Paris, 2005. |
Vente Breton 2003 | Lot 4016 |
Mots-clés | assemblage ou collage, peinture, surréalisme |
Catégories | Tableaux |
Série | 1991, La Beauté convulsive, centre Pompidou |
Expositions | André Breton, La Beauté convulsive , Galerie Le Minotaure | Surréel, trois petites histoires surréalistes , Fondation Jean Arp |
Lien permanent | https://cms.andrebreton.fr/fr/work/56600100618430 |
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Huile sur bois et sur carton datée de 1927.
Une image, une notice descriptive, une bibliographie, des expositions.