Descriptif
Dessin à l'encre de 1953 exposé en 1955 à l'Étoile scellée. Dans les Tracts de José Pierre, un hommage au dessinateur médium tel que repris ci-dessous.
Signée et datée en bas à droite : max walter S 53
« Je compte parmi les grandes rencontres de ma vie celle de l'œuvre de Max Walter Svanberg qui m'a permis d'appréhender du dedans, en me la faisant subir dans toute sa force, ce que peut être la fascination...
Les critères qui président actuellement à l'appréciation de la peinture par les spécialistes apparaissent dérisoires en présence d'une telle œuvre. S'efforcerait-on de lui trouver d'illustres précédents, encore faudrait-il convenir qu'elle transcende en esprit toutes les "Tentations de saint Antoine", par exemple, du fait qu'elle est recherche et expression de notre propre tentation d'aujourd'hui...
Svanberg, il faut le dire, nous fait les honneurs d'un monde qui n'est autre que celui du "scabreux", au sens le plus subversif du terme. J'ai toujours pensé, pour ma part, qu'un certain scabreux, circonscrit au plan érotique, dont nous nous extasions dans certains rêves au point d'en garder la plus cruelle nostalgie au réveil, est tout ce qui a pu donner à l'homme l'idée des paradis.
« Ici, portés par la houle cosmique, à nous de nous frayer notre propre chemin intérieur, quitte à affronter la plus séduisante et lascive théorie de monstres qu'on ait encore vus... avec lui (Svanberg), des yeux nous fixent, d'un regard byzantin, de chaque ongle, de chaque éminence ou repli intime, de chaque étoile. On songe à ce fameux œil pinéal qu'au cours de son évolution l'homme a perdu et qui, précisément serait aujourd'hui le privilège du serpent : "Magiciens puisqu'il connaît les venins et la spirale, devin puisque son œil pinéal voit l'occulte, le Serpent est en outre musicien, et sans doute ces trois facultés ne sont-elles que les trois aspects d'une seule : le sens de la quatrième dimension (Don Néroman : La Leçon de Platon, Niclaus éd.)."
« La quête presque mythique de cette "dimension" s'est poursuivie avec une âpreté croissante durant la première moitié de ce siècle. La clé en serait le Nombre d'Or, inclus dans une certaine section de la Pomme (5+10). De ce nombre, Max Walter Svanberg soit loué de nous magnifier au possible l'envers charnel. » André Breton (Hommage à Max Walter Svanberg, In : Medium, Nouvelle série n° 3, mai 1954, p. 2)
« Mon art est l'hymne à la femme, composé par celui qui l'adore, à genoux devant cette étrange hybride de vision et de réalité, de convulsive beauté et de chaste convoitise. Elle est une solitaire dans un(e) chambre couleur arc-en-ciel. Sa peau se compose de vêtements étranges et de nuées de papillons, d'événements et d'odeurs, des doigts de rose de l'aurore, des soleils transparents du plein jour, des amours bleus du crépuscule et des poissons de la nuit aux grands yeux.
La joue en fièvre et en pluie, des yeux noyés cerclés d'une forêt carbonisée, le baiser et le papillon, la fleur brûlante dans la plaie béante, le dialogue du poisson et de l'oiseau au moyen d'un coquillage, les hauts talons battant le pavé et l'oreille qui n'oublie pas, tout cela est bien défini à l'extrême, au point de devenir le paysage changeant de ma Femme rêvée, pour devenir Ses attributs séduisants qui, tout en dévoilant et cachant à la fois, choquent, ornementent, intensifient. Mais Elle est toujours une vision en transformation et, au moment où l'on croit L'avoir saisie, Elle s'échappe, laissant derrière Elle, qui sait, les mains de son adorateur recouvertes de poudre d'or. » Max Walter Svanberg, (Malmö, Malmö Konsthall, Max Walter Svanberg, « Dokumentation över utvecklingen in i den mangtydigt blommande och progressivt chockande imaginismen », 1979, p. 29)
« Signe caractéristique de cette mythologie du désir, l'homme s'y trouve rarement évoqué autrement que par allusions aux manifestations de son dynamisme charnel. Souvent, un quadrupède le représente : ainsi le monstre velu et griffu, le cou dressé, hurlant les louanges de celle qui, dominatrice et sereine, se dresse debout sur son dos. La lithographie de 1950, Etrange grossesse, est reprise dans un dessin de 1953 dont très peu de détails diffèrent : le sexe-visage de la femme tient entre les lèvres une cigarette au lieu d'un brin d'herbe, la gueule de l'animal montre ses dents et non une grappe de fleurs, un visage solaire aux yeux dardés de flèches apparaît sur les flancs du monstre. Triomphe de la spiritualité féminine sur la bestialité masculine ? » José Pierre (Max Walter Svanberg et le règne féminin, Paris, Le musée de poche, 1975, p. 66)
Exposition.
- Paris, l'Etoile scellée, Max Walter Svanberg (préface d'André Breton), 1955, n° 12
Bibliographie
- André Breton, Hommage à Max Walter Svanberg, In Medium, Nouvelle série n° 3, mai 954, rep. s.p., p. 2
- José Pierre (dir.), Tracts surréalistes et Déclarations collectives (1922-1969), Paris, Le Terrain vague (Éric Losfeld éditeur), t. II, p. 211
- José Pierre, Max Walter Svanberg et le règne féminin, Paris, Le musée de poche, 1975, rep. p. 67, p. 66
- Malmö, Malmö Konsthall, Max Walter Svanberg, « Dokumentation över utvecklingen in i den mangtydigt blommande och progressivt chockande imaginismen », 1979, rep. p. 181
- Ragnar von Holten, Lettre du 30 juillet 2002 adressée à la Galerie 1900-2000
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