Photomaton de Paul Éluard
-
Portrait photomaton d'Éluard réalisé c.1929 pour encadrer le tableau de Magritte Je ne vois pas la femme cachée dans la forêt.
Une image, une notice descriptive, une bibliographie, des expositions.
Huile sur toile de 1929 réalisée par Magritte lors de son séjour à Paris. Reproduite dans La Révolution surréaliste n° 12 en décembre 1929, et dans les Tracts de José Pierre en 1980.
Peinture signée en bas à droite : « magritte » ; titrée au dos sur le châssis : La femme cachée et inscrit « (Breton) ».
« Magritte est venu s'installer à Paris en 1927 où, d'après divers témoignages, il participait aux réunions de la rue Fontaine ou des cafés élus par les surréalistes. Il a été accepté dans le groupe surréaliste entre avril 1928 et février 1929. Le séjour parisien de Magritte, même s'il ne dure que trois ans, correspond à une période de production intense. » (d'après José Vovelle, Le surréalisme en Belgique, Bruxelles, André de Rache, 1972, pp. 69-71)
Pour la parution de l'« Enquête sur l'amour » dans le n° 12 de La révolution surréaliste Magritte imagina un montage où autour de son tableau, La femme cachée, sont réunis les portraits de seize surréalistes les yeux clos, à savoir de gauche à droite et de haut en bas : Alexandre, Aragon, Breton, Bunuel, Caupenne, Dalí, Eluard, Ernst, Fourrier, Goemans, Magritte, Nougé, Sadoul, Tanguy, Thirion, Valentin.
Cette enquête concernait « l'idée d'amour, seule capable de réconcilier tout homme, momentanément ou non, avec l'idée de vie ». « Ce mot : amour, auquel les mauvais plaisants se sont ingéniés à faire subir toutes les généralisations, toutes les corruptions possibles (amour filial, amour divin, amour de patrie, etc.), inutile de dire que nous le restituons ici à son sens strict et menaçant d'attachement total à un être humain. »
Les réponses étaient attendues de la part « de ceux qui ont véritablement conscience du drame de l'amour (non au sens puérilement douloureux mais au sens pathétique du mot) »
Parmi les réponses à l'enquête, celle de Breton, concernant le passage de l'idée d'amour au fait d'aimer est étroitement liée à la signification du tableau de Magritte : « Il s'agit de découvrir un objet, le seul que je juge indispensable. Cet objet est dissimulé : on fait comme les enfants, on commence par être « dans l'eau », on « brûle ». Il y a un grand mystère dans le fait que l'on trouve. » (« Enquête sur l'amour », in : La révolution surréaliste, n° 12 - cinquième année, 15 décembre 1929, pp. 65-76)
Du « sens profond de tableau de Magritte nanti de son étrange inscription - qui joue, bien entendu, sur l'assertion bien connue concernant "l'arbre qui cache la forêt", étendue ici à "l'éternel féminin" dissimulé derrière chaque femme prise individuellement » Ferdinand Alquié nous en propose une séduisante explication dans Philosophie du surréalisme (Flammarion, Paris, 1955, p. 207) : « Car tout objet, même évident, paraît d'abord nous cacher sa vraie réalité : elle ne se révèle qu'à notre inquiète attention. C'est ce que traduit la composition de Magritte imposant à nos yeux une femme nue trop visible, et l'entourant des mots : « Je ne vois pas la... cachée dans la forêt ». José Pierre (présentation et commentaires de, précédés d'un texte d'André Breton, Tracts surréalistes et déclarations collectives 1922-1939, Tome I, 1922-1939, Paris, Eric Losfeld Éditeur, 1980, pp.425-426)
Quant à l'état de la peinture, d'après David Sylvester « si (la peinture) est disparue c'est parce que son état s'est gravement détérioré. Elle a considérablement noirci au fil des ans. Breton a voulu la nettoyer et une bonne partie de la couche de peinture s'est désagrégée. Plus tard, un restaurateur a stoppé la dégradation et laissé le tableau dans l'état où nous le voyons à présent. (Mais) à propos de ce que j'ai appelé une grave détérioration, il serait beaucoup plus juste de parler d'une transfiguration miraculeuse. L'accident arrivé à La femme cachée est peut-être le plus gratifiant qui ait jamais frappé une œuvre d'art moderne depuis la cassure du Grand Verre de Duchamp. Là où le corps s'est décomposé en un réseau de craquelures, une lueur dorée émane des interstices. Ces zones brisées et lumineuses de la peinture font un peu le même effet que la surface écaillée d'une icône délabrée. »
« Friction et désaccords ont jalonné les relations de Breton et de Magritte sans briser, toutefois, le lien d'estime qui les unit en profondeur. » Patrick Waldberg (René Magritte, Bruxelles, André de Rache, 1965, p. 223)
Dans « Envergure de René Magritte », texte de 1964, Breton réitérait son hommage au créateur de La femme cachée :
« L'originalité souveraine de Magritte a été de faire porter ses investigations et son intervention au niveau de ces objets en quelque sorte premiers, comme, aussi, de ces sites (champêtres, boisés, nuageux, maritimes ou montagneux), serrant d'aussi près que possible - d'où leur immense pouvoir - l'image ingénue que nous en gardent nos premières "leçons de choses" - et ces derniers mots sont toujours ceux qui me viennent en mémoire à propos de lui... Mais c'est précisément à ce niveau, aussi, que "d'un coup de baguette magique", au sens originel où cette locution pour nous n'était pas encore profanée, Magritte, tout en flattant de la main ces choses qui relèvent de la réalité relative s'il en fut, trouve le moyen de libérer les énergies latentes qui couvent en elles...
« Magritte est le premier qui, à partir de l'objet le plus humble ait tablé - comme y invite Mrs Ashton - sur son point de fuite et voulu embrasser tout ce qui se découvre au-delà. C'est ainsi qu'il s'est placé dans les conditiones optima pour faire jouer en navette l'analogon de Constantin Brunner entre la "réalité relative" fournie par le sens et la "réalité absolue" qui est voulue par l'esprit. Ces deux mouvements alternatifs, faits pour se contrôler et s'équilibrer l'un l'autre, me paraissent signaliser dans sa plus haute acception La condition humaine (autre titre avancé par Magritte et donc, de sa part, le moins usurpé qui se puisse).
« L'œuvre et la pensée de René Magritte ne pouvaient manquer de déboucher aux antipodes de cette zone de facilité - et de démission - que l'on comprend sous le nom de "clair-obscur". À lui revenait inévitablement le soin de séparer le "subtil" de l'"épais", faute de quoi nulle transmutation n'est possible. Il a fallu toute son audace pour s'attaquer à ce problème : extraire simultanément de l'ombre ce qui est clarté et de la clarté ce qui est ombre (L'Empire des Lumières, 1952). Le viol des idées reçues et conventions, dès qu'on touche aux luminaires, est là tel que, je le tiens de René Magritte, la plupart de ceux qui passent vite croient avoir aperçu les étoiles dans le ciel diurne.
« Dans toute la démarche de Magritte culmine ce qu'Apollinaire a appelé le "véritable bon sens, s'entend, celui des grands poètes." » André Breton (Le surréalisme et la peinture, Nouvelle édition revue et corrigée, 1928-1965, Paris, Gallimard, 1965, pp.401-403)
« Réciproquement, Magritte n'a cessé de reconnaître chez André Breton, cette voix porteuse des plus hauts espoirs qui, par le Manifeste, Nadja, Fata Morgana, Pleine Marge et d'autres écrits, sut enflammer tant de cœurs jeunes et d'esprits généreux. » Patrick Waldberg (René Magritte, Bruxelles, André de Rache, 1965, p. 224). [catalogue de la vente, 2003]
- Paris, Musée national d'art moderne / Centre Georges Pompidou, André Breton, la beauté convulsive, 1991
- « Enquête sur l'amour », in : La révolution surréaliste, n° 12 - cinquième année, 15 décembre 1929, rep.p. 73, pp. 65-76
- Marcel Mariën, Les poids et les mesures, Bruxelles, 1943, p. 61
- Gilbert Ganne, « Qu'as-tu fait de ta jeunesse ? » in : Arts, spectacles, n° 560, du 21 au 27 mars 1956, rep.p. 8
- Lettre de Magritte à Rapin du 14 avril 1958, in : Quatre-vingt-deux lettres de René Magritte à Mirabelle Dors et Maurice Rapin, Paris, Mirabelle Dors, Maurice Rapin, 1976, s.p.
- Lettre de Magritte à Alquié du 11 juin 1953, in : René Magritte, Écrits complets, Paris, André Blavier, 1979, p. 448
- Lettre de Magritte à Breton du 5 juin 1961
- Lettre de Magritte à Breton du 27 juin 1961
- Marcel Lecomte, « l'univers des lettres et des mots dans la peinture de René Magritte », in : La revue graphique, décembre 1965, p. 295
- Patrick Waldberg, Chemins du surréalisme, Bruxelles, Editions de la Connaissance s.a., 1965, rep. n°6
- José Vovelle, Le surréalisme en Belgique, Bruxelles, André de Rache, 1972, pp. 69-71
- Philippe Audoin, Les surréalistes, Paris, Seuil, 1973, rep.p. 175
- « La femme surréaliste », in : Oblique, n° 14-15, rep.p.59
- José Pierre (présentation et commentaires de), précédés d'un texte d'André Breton, Tracts surréalistes et déclarations collectives 1922-1939, Tome I, 1922-1939, Paris, Eric Losfeld Editeur, 1980, rep.p. 131, pp. 425-426
- Gaëtan Picon, Le surréalisme, 1919-1939, Genève, Éditions d'Art Albert Skira, 1983, rep.p. 146
- David Sylvester, « The great surrealist icon », in : Res, spring-autumn 1984, pp. 155-157
- Ragnar von Holten, Toyen, En surrealistisk visionär, Köping, Lindfors Förlag, 1984, rep.p. 30
- Robert J. Belton, « Edgar Alan Poe and the surrealists'image of women », in : Woman's Art Journal, Knoxville, Tn., spring/summer, 1987, p. 10
- Paris, Musée national d'art moderne - Centre Georges Pompidou, André Breton, la beauté convulsive, 1991, rep.p. 193, p. 275
- David Sylvester, Sarah Whitfield, René Magritte, Catalogue raisonné, volume I : Oil Paintings, 1916-1930, Paris, Flammarion, Menil Foundation, 1992, rep. n°121, rep.p. 330, n° 302, p. 110, pp. 330-331
- Gérard Durozoi, Histoire du mouvement surréaliste, Paris, Hazan, 1997, rep.p. 166
- Briony Fer, David Batchelor, Paul Wood, Realismo, racionalismo, surrealismo, El arte de entreguerras, Madrid, Ediciones Akal, 1999, rep. n° 162, p. 183
- Sue Taylor, Hans Bellmer, the anatomy of anxiety, Massachusetts, Massachusetts Institute of Technology, 2000, rep. n° 8.11, p. 164
- Londres, Tate Modern, Surrealism desire unbound, 2002, rep. n° 166, pp. 174-175
Date de création | 1929 |
Langues | français |
Notes | 73 x 54 cm (28 3/4 x 21 1/4 in.) - Huile sur toile |
Dimensions | 73,00 x 54,00 cm |
Crédit | © ADAGP, Paris, 2005. |
Référence | 2014000 |
Vente Breton 2003 | Lot 4045 |
Mots-clés | peinture, photomaton, revue "la révolution surréaliste", surréalisme, tract ou déclaration collective |
Catégories | Tableaux |
Série | 1938, Exposition internationale du Surréalisme, [Revue] La Révolution surréaliste, Tracts surréalistes et déclarations collectives |
Exposition | 1938, Exposition internationale du surréalisme |
Lien permanent | https://cms.andrebreton.fr/fr/work/56600100382980 |
-
Portrait photomaton d'Éluard réalisé c.1929 pour encadrer le tableau de Magritte Je ne vois pas la femme cachée dans la forêt.
Une image, une notice descriptive, une bibliographie, des expositions.
-
Photomatons c. 1929 dont certains utilisés par André Breton pour encadrer le tableau de Magritte Je ne vois pas la femme cachée dans la forêt.
Dix images, une notice descriptive, des expositions, une bibliographie.
-
Photomatons c. 1929 utilisés par André Breton pour encadrer le tableau de Magritte Je ne vois pas la femme cachée dans la forêt.
Dix images, une notice descriptive, des expositions, une bibliographie.
-
10 tirages de photomatons, c. 1929, dont certains utilisés par André Breton pour encadrer le tableau de Magritte, Je ne vois pas la femme cachée dans la forêt.
Dix images, une notice, des liens à poser.
-
10 tirages de photomatons c. 1929 dont certains utilisés par André Breton pour encadrer le tableau de Magritte, Je ne vois pas la femme cachée dans la forêt.
Dix images, une notice.
-
10 tirages de photomatons c. 1929 dont certains utilisés par André Breton pour encadrer le tableau de Magritte, Je ne vois pas la femme cachée dans la forêt.
Dix images, une notice.
-
10 tirages de photomatons c. 1929 dont certains utilisés par André Breton pour encadrer le tableau de Magritte, Je ne vois pas la femme cachée dans la forêt.
Dix images, une notice, une exposition, une bibliographie, des liens à poser.