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Les Hommes d'aujourd'hui, 209

n°209

Périodique

Auteur

Personne citée Jules Laforgue
Illustré par Émile Laforgue

Descriptif

Revue, fondée par André Gill et Félicien Champsaur, de monographies illustrées de contemporains. Un portrait de Jules Laforgue figure en couverture du n°209.

La collection Les Hommes d'aujourd'hui est fondée en septembre 1878 par André Gill et Félicien Champsaur. La revue est d'abord éditée par Cinqualbre (jusqu'en 1883) qui cède ensuite les droits à Léon Vanier, après deux ans d'interruption. La dernière parution date de 1899. André Breton possède 27 numéros de la collection.

La revue s'inspire du succès d'une série antérieure d'André Gill, publiée en collaboration avec le journaliste Maxime Rude, Le Bulletin de vote, une série de biographies illustrées, soutenant les candidats républicains aux élections législatives d'octobre 1877. La collection des Hommes d'aujourd'hui s'éloigne du militantisme politique ; chaque numéro (de 4 pages) est consacré à une personnalité contemporaine différente, appartenant au monde des arts, des lettres ou des sciences. Un portrait en couleurs de la célébrité choisie figure en couverture, suivi de trois pages de texte qui mêlent sans scrupule des faits avérés et des éléments fantaisistes.

Lorsqu'il reprend la publication de la série en 1885, Léon Vanier met fin au principe du caricaturiste unique (André Gill et Henri Demare sont les auteurs successifs des premiers portraits). Parmi les dessinateurs qu'il s'adjoint se trouve Émile Laforgue. Dans le n°209 de la collection, il représente son frère, Jules Laforgue, en jeune poète bohème, le regard méditatif. La caricature est exempte du sarcasme et de l'ironie qui caractérisent l'écriture de Jules Laforgue. En revanche, la mélancolie et le désespoir grinçant qui animent le poète sont parfaitement rendus par le dessinateur : l'ombre du personnage est masquée au niveau de la tête par un couvercle posé au sol, écho discret au vers fameux de Baudelaire : « Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle ». Du ciel baudelairien ne reste qu'une lune, les traits sévères, insensible à l'appel que Jules Laforgue lui lance dans sa Complainte de la Lune en province de 1885 :

« Ah ! La belle pleine lune,
grosse comme une fortune !
La retraite sonne au loin,
un passant, monsieur l'adjoint ;
un clavecin joue en face,
un chat traverse la place :
la province qui s'endort !
Plaquant un dernier accord,
le piano clôt sa fenêtre.
Quelle heure peut-il bien être ?
Calme lune, quel exil !
Faut-il dire : ainsi soit-il ?
Lune, ô dilettante lune,
à tous les climats commune,
tu vis hier le Missouri,
et les remparts de Paris,
les fiords bleus de la Norvège,
les pôles, les mers, que sais-je ?
Lune heureuse ! Ainsi tu vois,
à cette heure, le convoi
de son voyage de noce !
Ils sont partis pour l'écosse.
Quel panneau, si, cet hiver,
elle eût pris au mot mes vers !
Lune, vagabonde lune,
faisons cause et moeurs communes ?
ô riches nuits ! Je me meurs,
la province dans le coeur !
Et la lune a, bonne vieille,
du coton dans les oreilles. »

 Un article de Jean-Pierre Bertrand sur la « mélancolie humoristique » des Complaintes : « L'humour jaune des Complaintes ».

Notes bibliographiques

Paris, Librairie Vanier, s.d. In-4° broché

ISSNL 1147-677X
Numéro209
Date d'édition1878
Éditionédition originale
Languesfrançais
ÉditeurLibrairie Vanier, Paris
Vente Breton 2003Lot 1107
Mots-clés, ,
Série[Dossier] Journaux et revues, [Revue] Les Hommes d'aujourd'hui
Lien permanenthttps://cms.andrebreton.fr/fr/work/56600100232380