sans titre
Huile sur toile avec des figures géométriques, considérées par André Breton comme un procédé de voyance.
Une image, une longue notice descriptive.
Huile sur toile de l'artiste et architecte Yves Laloy qui rencontra André Breton en 1958.
Signée en bas à gauche : Laloy.
« Dès les années cinquante, Yves Laloy peint sur le motif des paysages marins [...]. D'une facture tout à fait classique, ces toiles aux couleurs neutres, parfois en camaïeu, décrivent la côte cancalaise sous un ciel tour à tour calme et orageux, avec quelques bateaux de pêche, seuls témoins d'une présence humaine.» Suzanne Duco-Nouhaud (L'apport du surréalisme chez Yves Laloy (1920-1999), Symbolisme et magie picturale, Mémoire de D.E.A., Histoire de l'Art Contemporain, sous la direction du Professeur Serge Lemoine, volume I, Paris, Université de Paris IV, 2000, pp. 44).
Yves Laloy
« Le 7 octobre 1958, la galerie La Cour d'Ingres, 17 bis, quai Voltaire à Paris, présente un artiste à peine connu des milieux artistiques et inconnu du grand public : Yves Laloy, qui expose une trentaine de ses œuvres en ce lieu qui lui est exclusivement consacré. Cet artiste y est en outre présenté par André Breton, qui rédige la préface du catalogue. » Suzanne Duco-Nouhaud (L'apport du surréalisme chez Yves Laloy (1920-1999), Symbolisme et magie picturale, Mémoire de D.E.A., Histoire de l'Art Contemporain, sous la direction du Professeur Serge Lemoine, volume I, Paris, Université Paris IV, p. 7).
Le texte de cette préface paraîtra d'ailleurs dans Le Surréalisme et la peinture, édition de 1965, dont la jaquette est illustrée par Les petits pois sont verts... les petits poissons rouges..., "composition inédite" de l'artiste. (André Breton, Le Surréalisme et la peinture, nouvelle édition revue et corrigée, 1928-1965, Paris, Gallimard, 1965, p. 424)
« L'arc-en-ciel à tête humaine qui cerne les admirables tableaux de sable des Indiens Navajo de l'Arizona semble présider à la création de l'œuvre d'Yves Laloy. Alors, toutefois, que de tels tableaux, exécutés en un jour, doivent être effacés au coucher du soleil, c'est merveille qu'avant leur inévitable et prompte dispersion, les siens puissent être aujourd'hui rassemblés.
C'est d'abord que l'œil mieux que par lui n'a jamais été induit à jouir et à nous faire jouir de l'ambiguïté de ses pouvoirs. On avait cru longtemps y mettre bon ordre en dressant cet œil, sinon à reconnaître en tout et pour tout le monde extérieur, du moins à y puiser toutes ses références (la Gaule, surtout de l'ouest et du nord, exceptée). Lorsque, encore très près de nous, on en est venu à secouer cette servitude pour donner le pas, sur la perception physique, à la représentation mentale, au moins dans le domaine de l'art abstrait le plus rigoureux de nouveaux risques de frustration sont apparus. La plénitude à retrouver, conjuguant l'appel à toutes les ressources de l'œil, exige de l'artiste l'équivalent profane de la vision tout à la fois imaginative et sensorielle d'une Thérèse d'Avila, révérée d'Yves Laloy. »
« Alors qu'une composition de Kandinsky répond à des ambitions symphoniques, un tableau de sable Navajo relève avant tout de préoccupations cosmogoniques et tend à influencer, de manière propitiatoire, le cours de l'univers. Le propre de l'œuvre d'Yves Laloy est de ne faire qu'une de ces deux démarches si distinctes. Ce qu'elle relate est un itinéraire dont il garde la clé, mais dont nous n'avons aucune peine à découvrir qu'il transcende l'expérience commune. Aux relations de l'âme humaine et du cosmos pourvoit ici sans cesse une aigrette étincelante et aimantée. De plus, l'irrésistible impulsion rythmique, qui lui donne essor et l'emporte infailliblement tout entière, suffit à imposer d'emblée sa grandeur.
« Jamais si bien ne s'était vérifiée, au pied de la lettre, cette assertion que "l'espace plastique ne peut cesser d'être, à la fois, le reflet de notre conception mathématique des lois physiques de la matière et de l'ordre des valeurs sentimentales que nous voudrions voir triompher" » Pierre Francastel (Peinture et société, Audin éd., 1951).
« Issu d'une lignée d'architectes, c'est dans le cadre même de l'architecture, à laquelle Yves Laloy tenta de se vouer, qu'éclate sa dissidence. Sous le scintillement stellaire de chacune de ses toiles se décèle en profondeur une épure qui assigne, là encore, ses dimensions à l'édifice projeté, à cette différence près - assurément capitale - que la construction prend jour non plus sur le monde extérieur, mais intérieur. Qui voudra bien réfléchir conviendra qu'une telle entreprise, exigeât-elle une clairvoyance hors de pair, primerait en nécessité toutes les autres à une époque où, pour nous tous, c'est chaque jour la ville intérieure, déjà chancelante sur ses assises anciennes, qui est bombardée.
« Une si haute gageure ne saurait être, on s'y attend bien, que le fait d'un solitaire. On pressent qu'une telle appréhension du monde, en dépit des fenêtres lumineuses qu'elle nous ouvre sur l'inconnu, doit s'offrir comme le fruit d'un drame de toute acuité. Je ne puis m'empêcher d'évoquer, au sujet d'Yves Laloy, la dernière page que l'on ait de son grand compatriote Jules Lequier : "Je vois un pays aride. Au milieu du pays, entouré de pierres et de cailloux, je vois un pin solitaire. Il est fouetté par le vent, par le vent de la mer... Sa tête est penchée, son tronc est rugueux, mais sous le tronc coule une résine rare, précieuse... Sa résine jette une lueur phosphorescente, mêlée à une fumée blanchâtre. Il faut qu'il prenne sa résine, qu'il la mette dans un moule, qu'il en fasse de la lumière... Je vois une goutte de phosphore à l'extrémité d'une branche. La goutte de phosphore tombe et je vois à sa place une goutte de sang... La goutte de sang va tomber, si l'arbre étend sa branche ; elle ne tombera pas s'il la relève... Il faut dire à l'arbre de relever sa..." » Jules Lequier (œuvres complètes publiées par Jean Grenier, Ed. de la Baconnière, Neuchâtel, 1952). Sur ce dernier point de suspension s'achève le message de Lequier.
« Comme sous la menace qui pèse sur ce texte, la sorte d'ultra-monde que nous découvrent les toiles d'aspect géométrique d'Yves Laloy le cède parfois, dans d'autres toiles, à un infra-monde, non moins le sien et qui ne saurait être moins précieux que le précédent, en tant qu'il nous dénude l'autre pôle de l'accumulateur. En cet infra-monde gravitent des êtres hybrides, participant essentiellement des céphalopodes et précipités dans un train d'ondes à croire que s'y raniment toutes les houles de Gavr'inis.
« Aux confins de ces deux mondes qu'il n'a pu explorer, n'en doutons pas, qu'à ses grands risques et périls, une œuvre monumentale d'Yves Laloy me porterait à m'écrier : Enfin des fêtes ! » André Breton (Yves Laloy, Paris, Galerie La cour d'Ingres, 1958, s.p.)
Langues | français |
Notes | 38,3 x 61 cm (15 x 24 in.) - Huile sur toile, sd |
Crédit | © ADAGP, Paris, 2005. |
Vente Breton 2003 | Lot 4326 |
Mots-clés | peinture |
Catégories | Tableaux |
Lien permanent | https://cms.andrebreton.fr/fr/work/56600100165680 |
Huile sur toile avec des figures géométriques, considérées par André Breton comme un procédé de voyance.
Une image, une longue notice descriptive.
Huile sur toile de l'artiste et architecte Yves Laloy qui rencontra André Breton en 1958.
Une image, une longue notice descriptive, une bibliographie, un musée.