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[Jeux surréalistes] Jeu de Marseille

« La fin de 1940 et le début de 1941 ont vu se joindre ou se croiser à Marseille diverses personnes afférentes au mouvement surréaliste ou à quelque égard situables par rapport à lui. C'étaient Victor Brauner, André Breton, René Char, René Daumal, Robert Delanglade, Oscar Dominguez, Marcel Duchamp, Max Ernst, Hérold (Blumer), Sylvain Itkine, Wifredo Lam, André Masson, Benjamin Péret, Tristan Tzara. Beaucoup d'entre eux avaient coutume de se réunir au Château "Air-Bel" où les accueillait en toute cordialité M. Varian Fry, Président du Comité américain de secours aux intellectuels.

» Au nombre des expériences qui ont pu requérir les surréalistes à Marseille - et desquelles ne sont pas de leur part plus exclus que d'ordinaire le goût de la recherche et la volonté de continuer à interpréter librement le monde - figure en bonne place l'établissement d'un jeu de cartes qu'on puisse tenir pour adapté à ce qui nous occupe sur le plan sensible aujourd'hui. Les historiographes de la carte à jouer tombent d'accord pour noter que les modifications qu'elle a subies au cours des siècles ont toujours été liées à de grands revers militaires, sans d'ailleurs s'expliquer autrement à ce sujet. Ce qui, ici, est récusé par nous de l'ancien jeu de cartes, c'est, d'une manière générale, tout ce qui indique en lui la survivance du signe à la chose signifiée : qui se souvient, par exemple, ou se soucie de la signification symbolique du "carreau" qui, par l'intermédiaire du pavé des villes, semble, en dernière analyse, désigner les marchands et par surcroît exprimer historiquement la bourgeoisie montante ? Et à qui les quatre emblèmes imprimés aux coins des cartes font-ils songer aux fers d'armes privées de tout usage depuis quatre cents ans ? En entreprenant de substituer de nouvelles images aux anciennes, nous n'en avons pas moins évité de rompre la structure générale du jeu de 32 ou de 52 cartes - celui-ci admettant de plus le "joker" - et sa division à parties égales en couleurs rouges et noires (nous estimons, en effet, qu'un nouvel ensemble de cartes, pour être viable dans sa fonction, doit pouvoir non seulement provoquer à des jeux nouveaux, dont les règles ont à se définir à partir de lui et non préalablement à lui, mais encore être en mesure de mener tous les jeux anciens). Pour des raisons analogues, et nous inspirant d'ailleurs de tentatives auxquelles, en cette matière nullement négligeable, a donné lieu la Révolution française, nous nous en sommes pris également aux persistantes valeurs sociales des figures, destituant le "roi" et la "reine" de leur pouvoir depuis longtemps révolu et déchargeant intégralement l'ancien "valet" de son rang subalterne.

» C'est ainsi que nous avons été conduits à adopter, correspondant aux quatre préoccupations modernes que nous tenions pour majeures, quatre nouveaux emblèmes, à savoir :

» SIGNIFICATION EMBLÊME :
» Amour               Flamme
» Rêve                 Étoile (noire)
» Révolution        Roue (et sang)
» Connaissance   Serrure

» La hiérarchie, à partir de l'as, se maintenant de la manière suivante : Génie, Sirène, Mage, Dix, etc.

» Chacune des figures (de personnages historique ou littéraire) reproduite dans cet almanach, est celle que d'un commun accord nous avons jugée la plus représentative à la place assignée. Indépendamment du joker ("Ubu", par Jarry), les seize cartes (en y comprenant les as) qui commandent le jeu de Marseille ont été dessinées, à raison de deux pour chaque participant, par Victor Brauner, André Breton, Oscar Dominguez, Max Ernst, Hérold, Wifredo Lam, Jacqueline Lamba et André Masson. Pour que l'ensemble ainsi constitué garde un caractère collectif, aussi anonyme que possible, elles ont été reprises scrupuleusement d'un seul trait par Robert Delanglade. »
André Breton (« Le jeu de Marseille », dans VVV, n° 2-3, mars 1943)

« Jacques Hérold. – Quand on jouait au "Cadavre exquis", ceux qu'on dessinait, on était excité par le renouvellement du jeu, il nous fallait toujours quelque chose d'un peu nouveau. Par exemple on jouait à faire le portrait d'un personnage précis avec des objets inventés. Les autres devaient le deviner. Totalement inventé. C'était rare qu'on ne devine pas, et pourtant c'était très caché, occulté. C'est à partir de là que l'idée du "Jeu de Marseille" nous est venue, d'ailleurs.

» Alain Jouffroy. – Le jeu de cartes de Marseille vient du jeu de portraits ?

» Jacques Hérold. – Oui. On a transposé le jeu de portraits dessinés en jeu de cartes, puisqu'il s'agissait de faire des personnages connus. C'était au début de 1941. On jouait à l'infini, tous les jours et tout le temps, à Air-Bel et au café du Brûleur de Loups, avec une verre de vin blanc. "Alors, on joue ?" disait Breton, et il fallait jouer. Mais le jeu pouvait venir de n'importe qui.

» Alain Jouffroy. – L'idée du "Jeu de Marseille" vous est venue à la suite d'une discussion avec Breton ?

» Jacques Hérold. – C'est venu comme ça, de moi ou d'un autre, peu importe, au cours d'une conversation : "Si on faisait un jeu de cartes ?" Breton a accepté mais il voulait voir ce que c'est que le jeu de cartes, parce qu'en réalité on ne sait pas du tout quelle en est la source. Il est allé à la Bibliothèque de Marseille pour chercher les origines, les significations. Il a trouvé que le jeu de cartes ordinaire est un jeu militaire : le "trèfle" est la paie du soldat, le "cœur", son amour, etc. Evidemment, il s'agissait de changer complètement le jeu mais d'en garder le "squelette", c'est-à -dire le nombre de cartes.

» Alain Jouffroy. – Vous n'êtes pas partis du tarot ?

» Jacques Hérold. – Non, du jeu de cartes normal. Les tarots sont un jeu intéressant en lui-même. Il n'y a rien à y changer. Notre jeu ressemble au jeu de cartes ordinaire. Le Roi, la Reine, le Valet, sont devenus le Génie, la Sirène et le Mage. Le trèfle est devenu le trou de serrure noir de la Connaissance, le carreau, la tache du sang rouge de la Révolution, le pique, l'étoile noire du Rêve et le cœur la flamme rouge de l'Amour. »
Alain Jouffroy (« Les jeux surréalistes entretien avec Jacques Hérold », dans XXe siècle, Le surréalisme I, nouvelle série, XXXVIe année, n° 42, juin 1974, p. 152-153).

Le jeu reconstitué et mis en ligne.

Expositions.
- Musée d'Art moderne, New York, 1943
- Marseille, Centre de la Vieille Charité, La planète affolée, surréalisme, dispersion et influences, 1938-1986, 1986
- Aix-en-Provence, Galerie d'art du Conseil général des Bouches-du-Rhône, Sur les Quais, Marseille 190-1941, 1999
- Saragosse, Surrealistas : Exilio y Amistad, Varian Fry y los candidados al exilio, Marsella 1940-1941, 1999
- Paris, musée d'Art moderne de la Ville de Paris, L'Art en guerre 1938 - 1947, de Picasso à Dubuffet, 12 octobre 2012 - 17 février 2013
- Bilbao, musée Guggenheim, L'Art en guerre 1938-1947, mars à septembre 2013.

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27 Œuvres
 
False

Dessin collectif

-
Anonyme, André Breton, Wifredo Lam

-
Dessins et collages effectué par un collectif d'artistes réunis par hasard à Marseille en 1940.
Pas d'images, une description à compléter, des liens, un musée.

[Jeux surréalistes] Jeu de Marseille

False

Dessin collectif

-
Anonyme, André Breton

-
Dix dessins à l'encre et aux crayons de couleur sur une même feuille. Œuvre collective réalisée à Marseille en 1940.
Pas d'image, une description à compléter, des liens, un musée.

[Jeux surréalistes] Jeu de Marseille

False

Dessin collectif

-
Anonyme, André Breton

-
Douze dessins à l'encre et aux crayons de couleur sur une même feuille. Œuvre collective réalisée à Marseille en 1940.
Pas d'image, une description à compléter, des liens, un musée.

[Jeux surréalistes] Jeu de Marseille

False

Dessin collectif

-
Anonyme, André Breton, Oscar Dominguez, Wifredo Lam

-
Neuf dessins à l'encre et aux crayons de couleur sur une même feuille. Œuvre collective réalisée à Marseille en 1940.
Pas d'image, une description à compléter, des liens, un musée.

[Jeux surréalistes] Jeu de Marseille

False

Dessin collectif

-
Anonyme, André Breton, Wifredo Lam, Jacqueline Lamba

-
Dessin collectif réalisé à Marseille en 1940 aux crayons de couleur et à l'encre par divers artistes.
Pas d'image, une description à compléter, des liens, un musée.

[Jeux surréalistes] Jeu de Marseille

False

Dessin collectif

-
Anonyme, André Breton

-
Neuf dessins et collages à l'encre, aux crayons de couleur sur une même feuille. Œuvre collective réalisée à Marseille en 1940.
Pas d'image, une description à compléter, des liens, un musée.

[Jeux surréalistes] Jeu de Marseille

False

Dessin collectif

-
Anonyme, André Breton

-
Dix dessins à l'encre et aux crayons de couleur sur une même feuille. Œuvre collective réalisée à Marseille en 1940.
Pas d'image, une description à compléter, des liens, un musée.

[Jeux surréalistes] Cadavres exquis, [Jeux surréalistes] Jeu de Marseille

False

Le jeu de Marseille

-
Wifredo Lam

-
Carte de 1941 pour le jeu de Marseille. Encre et crayon sur papier.
Une image, une notice descriptive, une bibliographie, des expositions, un musée.

[Jeux surréalistes] Jeu de Marseille

False

Le jeu de Marseille

-
Max Ernst

-
Ensemble de deux cartes de 1941 pour le jeu de Marseille. Crayon noir et de couleur sur calque et papier.
Une image, une notice descriptive, une bibliographie, des expositions, un musée.

[Jeux surréalistes] Jeu de Marseille

False

Le jeu de Marseille

-
Jacqueline Lamba

-

Carte de 1941 pour le jeu de Marseille. Encre rouge et noire sur papier contrecollé sur carton.


Une image, une notice descriptive, une bibliographie, des expositions, un musée.

[Jeux surréalistes] Jeu de Marseille

False

Le jeu de Marseille

-
Jacqueline Lamba

-
Ensemble de deux cartes de 1941 pour le jeu de Marseille. Gouache, encre de Chine et collage sur papier.
Une image, une notice descriptive, une bibliographie, des expositions, un musée.

[Jeux surréalistes] Jeu de Marseille

False

Le jeu de Marseille

-
Oscar Dominguez

-
Carte de 1941 pour le jeu de Marseille. Crayon de couleur et encre sur papier.
Une image, une notice descriptive, une bibliographie, des expositions, un musée.

[Jeux surréalistes] Jeu de Marseille

False

Le jeu de Marseille

-
Oscar Dominguez

-
Carte de 1941 pour le jeu de Marseille. Gouache, crayon de couleur et encre sur papier.
Une image, une notice descriptive, une bibliographie, des expositions, un musée.

[Jeux surréalistes] Jeu de Marseille

False

Le jeu de Marseille

-
Victor Brauner

-

Carte de 1941 pour le jeu de Marseille. Crayon noir et de couleur sur papier calque.


Une image, une notice descriptive, une bibliographie, des expositions, un musée.

[Jeux surréalistes] Jeu de Marseille

False

Le jeu de Marseille

-
Victor Brauner

-
Carte de 1941 pour le jeu de Marseille. Crayon noir et de couleur sur papier calque.
Une image, une notice descriptive, une bibliographie, des expositions, un musée.

[Jeux surréalistes] Jeu de Marseille

False

Le jeu de Marseille

-
Jacques Hérold

-

Carte de 1941 pour le jeu de Marseille. Huile, gouache, crayon de couleur et encre sur papier.


Une image, une notice descriptive, une bibliographie, des expositions, un musée.

1991, La Beauté convulsive, centre Pompidou, [Jeux surréalistes] Jeu de Marseille

False

Le jeu de Marseille

-
André Masson

-
Carte de 1941 pour le jeu de Marseille. Encre sur papier.
Une image, une notice descriptive, une bibliographie, des expositions, un musée.

[Jeux surréalistes] Jeu de Marseille

False

Le jeu de Marseille

-
André Masson

-

Carte de 1941 pour le jeu de Marseille. Gouache, crayon et encre sur papier.


Une image, une notice descriptive, une bibliographie, des expositions, un musée.

[Jeux surréalistes] Jeu de Marseille

False

Le jeu de Marseille

-
Wifredo Lam

-
Carte de 1940-1941 pour le jeu de Marseille. Encre sur papier.
Une image, une notice descriptive, une bibliographie, des expositions, un musée.

[Jeux surréalistes] Jeu de Marseille

False

Le jeu de Marseille

-
André Masson

-
Carte de 1941 pour le jeu de Marseille. Gouache, crayon, et encre sur papier.
Une image, une notice descriptive, une bibliographie, des expositions, un musée.

[Jeux surréalistes] Jeu de Marseille