La Collection
Accueil > Œuvres > [Vous devez depuis un mois me juger...][Vous devez depuis un mois me juger...]
Lettre datée de Hyères, le 23 janvier 1933
Auteur
Auteur Charles de NoaillesPersonnes citées Georges Auric, René Gaffé, Marie-Jean-Léon Lecoq, dit d'Hervey de Saint-Denys, René CrevelDestinataire André Breton (1896-1966)
Descriptif
Lettre de Charles de Noailles à André Breton, datée de Hyères, le 23 janvier 1933.
Charles de Noailles (1891-1981), mécène et proche de Breton, a reçu le manuscrit des Vases Communicants. Cependant, il a préféré attendre sa publication pour le lire, et s'excuse du retard de sa réponse. Il fait part de toute son admiration pour le recueil, qu'il commente avec son voisin, le compositeur Georges Auric, membre du Groupe des Six, avec qui il loue « la beauté de la 2º partie, la noblesse & le mystère de vos souvenirs personnels », et écrit que le volume « annoblira [sa] collection ». [Site André Breton, 2023]
Transcription
23 - 01 - 33
Cher ami, vous devez depuis un mois me juger le plus grossier des hommes – ma défense est ennuyeuse & longue mais la voici tout de même.
J’ai une bête d’impossibilité de lire avec plaisir un livre en manuscrit, je ne le sens pas de la même manière qu’en en tenant le volume, & et pour rien au monde ne gâcherai par cette lecture un livre qui [m’intéresse] vraiment.
Donc quand nous avons reçu à Paris le manuscrit des Vases Communiquant [sic], je me suis informé auprès de René : – « Vous aurez l’exemplaire dans 8 ou 10 jours au plus ». Je ne voulais pas vous accuser réception du manuscrit sans l’avoir lu – [voilà] !
L’exemplaire est arrivé il y a 8 jours – & malgré le remords je me suis félicité de ma force d’âme. Rarement ai-je été aussi touché par un livre.
Pendant des heures j’en ai discuté avec notre voisin Georges Auric qui l’admirerait plus que moi si c’était possible. Il aime comme moi la beauté de la 2º partie, la noblesse & le mystère de vos souvenirs personnels. Figurez[-]vous qu’un vieil Anglais, Norton, habitant sur la même colline que les Auric & nous a possédé & lu le livre du Mis [Marquis] d’Hervey – il l’a perdu !
Et puis nous avons décidé que seul, absolument seul, des contemporains vous pouvez parler de l’amour. La phrase dans la note explicative du rêve, les premières pages de la 2º partie - En France l’on n’a rien lu de pareil depuis bien longtemps.
Je ne puis vous dire la joie que cela me fait de penser que le manuscrit d’un livre pareil est ici. Il annoblira la collection.
Au revoir, cher ami, pardon encore de ma [grossièreté]
Bien cordialement [vôtre]
Noailles
Savez[-]vous que René, même à Davos[,] tousse. Il est trop resté à Paris !
Date de création | 23/01/1933 |
Date du cachet de la Poste | 28/01/1933 |
Adresse de destination | |
Notes bibliographiques | Ms - encre noire - 2 pages, enveloppe conservée. Papier à en-tête : « Saint-Bernard - Hyères (Var) – Tél. 2.91 » Les dernières lignes de la lettre sont écrites sur la première page, à la verticale sur le coin supérieur de la feuille. |
Langues | français |
Lieu d'origine | |
Nombre de pages | 2 p. |
Langue originale | français |
Référence | 1430000_11_12_13 |
Mots-clés | correspondance, Les Vases communicants, lettre, rêve |
Catégories | Correspondance, Lettres à André Breton |
Série | [Correspondance] Les Vases communicants |
Lien permanent | https://cms.andrebreton.fr/fr/work/56600101002232 |