La Collection
Accueil > Œuvres > Personnage aux poissonsDescriptif
Encre sur papier exposée à la galerie René Drouin par la Compagnie de l'Art Brut pour l'exposition L'Art brut préféré aux arts culturels en 1949.
Signée en bas à droite : Scottie ; annotée au milieu au dos : SSW-D/2
« Certains observateurs superficiels comparent le travail de Scottie à de la broderie ; ils sont même ennuyés quand ils découvrent qu'il n'en est rien. Ils ne remarquent rien de la vision poétique qu'il exprime. D'autres trouvent son œuvre monotone. Rien n'est moins vrai. Chaque tableau est différent, et l'ensemble des travaux passe par des changements d'humeur et même de technique. Chacune de ses phases majeures, spectres, totems, villes, châteaux, vases, fontaines, animaux, oiseaux, poissons, les peintures « noires » et les silhouettes sur verre, est le résultat d'une expérience intense tirée, peut-être des années plus tard, des profondeurs bouillonnantes d'une mémoire lyrique. Avec les années, ces motifs individuels s'organisèrent peu à peu en structures compliquées qui les combinaient tous. »
Jean Dubuffet (« Scottie Wilson », In : L'art brut, fascicule IV, 1965)
Art Brut
« Dans ce véritable manifeste de l'Art brut que constitue la notice datée d'octobre 1948, notre ami Jean Dubuffet insiste on ne peut plus justement sur l'intérêt et la spéciale sympathie que nous portons aux œuvres qui "ont pour auteurs des gens considérés comme malades mentaux et internés dans des établissements psychiatriques". Il va sans dire que je m'associe pleinement à ses déclarations : "Les raisons pour lesquelles un homme est réputé inapte à la vie sociale nous paraissent d'un ordre que nous n'avons pas à retenir." Je me déclare en non moins parfait accord avec Lo Duca, auteur d'un remarquable article intitulé L'Art et les Fous qu'on m'a communiqué sans malheureusement pouvoir m'en indiquer la référence et dont je me bornerai à citer ces fragments : "Dans un monde écrasé par la mégalomanie et l'orgueil, par la mythomanie et la mauvaise foi, la notion de folie est bien imprécise." On a d'ailleurs remarqué qu'un nombre excessivement restreint de mégalomanes est soigné par les psychiatres. En effet, dès que la folie devient collective - ou se manifeste par le truchement de la collectivité - elle devient taboue... A nos yeux, le fou authentique se manifeste par des expressions admirables où jamais il n'est contraint, ou étouffé, par le but raisonnable. Cette liberté absolue confère à l'art de ces malades une grandeur que nous ne retrouvons avec certitude que chez les Primitifs...
» Il est à observer qu'une gêne croissante, dès qu'il s'agit de la place à faire à de telles œuvres, n'a cessé depuis un demi-siècle de s'exprimer dans les milieux psychiatriques - soit dans un cercle où pourtant ces œuvres étaient essentiellement considérées en fonction de leur valeur clinique. Déjà dans son ouvrage L'Art chez les fous, publié en 1905, Marcel Réja s'oppose à ce que leur qualité maladive les fasse tenir pour "des choses hors cadre, sans rapport avec la norme" et se montre sensible à la beauté de certaines d'entre elles. Hans Prinzhorn (Bildnerei des Geistenkranken, 1922) en révélant celles qui lui paraissent les plus remarquables - notamment d'August Neter, de Hermann Beil, de Joseph Sell et de Wölfli - et en leur assurant une présentation pour la première fois digne d'elles, appelle leur confrontation avec les autres œuvres contemporaines, confrontation qui, sous bien des rapports, tourne au désavantage de celles-ci...
» Je ne craindrai pas d'avancer l'idée, paradoxale seulement à première vue, que l'art de ceux qu'on range dans la catégorie des malades mentaux constitue un réservoir de santé morale. Il échappe en effet à tout ce qui tend à fausser le témoignage qui nous occupe et qui est de l'ordre des influences extérieures, des calculs, du succès ou des déceptions rencontrées sur le plan social, etc. Les mécanismes de la création artistique sont ici libérés de toute entrave. Par un bouleversant effet dialectique, la claustration, le renoncement à tous profits comme à toutes vanités, en dépit de ce qu'ils présentent individuellement de pathétique, sont ici les garants de l'authenticité totale qui fait défaut partout ailleurs et dont nous sommes de jour en jour plus altérés. »
André Breton (Le Surréalisme et la peinture, Nouvelle édition revue et corrigée, 1928-1965, Paris, Gallimard, 1965, pp.313-316)
Expositions
- Paris, Galerie René Drouin, Compagnie de l'Art Brut, L'Art brut préféré aux arts culturels, 1949, rep.s.p., n° 138
Langues | français |
Notes | 41,5 x 29 cm (16 3/8 x 11 1/2 in.) - Encre sur papier, sd |
Vente Breton 2003 | Lot 4026 |
Mots-clés | art brut ou naïf, arts graphiques, peinture |
Catégories | Tableaux |
Lien permanent | https://cms.andrebreton.fr/fr/work/56600100493020 |