La Collection

Accueil > Œuvres > [Mon chéri, je t’ai déjà écrit à Megève...]

Descriptif

Lettre d'André Breton à Simone Kahn, datée du 22 janvier 1925.

 

Transcription

22 janvier 1925

Mon chéri, je t’ai déjà écrit à Megève. Le texte de ton télégramme est-­il bien : « Écrire Chamonix Poste restante communique baisers » Communique ?

C’est sans doute que cela n’allait pas à Megève, dis-­moi.

J’ai eu très mal à la tête toute la journée et je ne suis pas trop en train d’écrire. En train seulement de penser à toi.

La réunion d’hier a pris assez bonne tournure, Desnos et Naville étaient possibles. Sur la question de l’objectivation indispensable des idées, sur celle d’une action éventuelle dans le sens oriental, et les attitudes subsidiaires par rapport à la question juive et au bolchevisme, on est à peu près parvenu à s’entendre. Tual et Masson, [Quénaut] aussi, ont prononcé à ces différents sujets des paroles très fermes et très claires. Ce sont des gens à tous égards fort sympathiques. La mauvaise volonté, l’étroitesse des idées, la sottise s’étaient pourtant fait représenter par Max Ernst, Éluard et Gérard. Mais elles n’ont réussi à rien entraver.

Sur ma proposition, la direction du Bureau de recherches, avec tous pouvoirs cette fois, a été confiée à Artaud, qui a paru l’accepter très volontiers. Il y demeurera au moins jusqu’à l’apparition du n° 3 de la revue et sera particulièrement responsable de son sommaire. Il assurera le fonctionnement de la Centrale sur des bases nouvelles et il a l’air décidé plus que tout autre à faire passer notre action révolutionnaire au premier plan. Assistaient encore aux débats  : Aragon, Baron, Boiffard, Bessière, Dédé Sunbeam, Fraenkel, Leiris, Péret, Lübeck, Renée, Gala. Ni Soupault ni Crevel.

La proposition concernant l’Orient a reçu un accueil inespéré.

Voilà le rapide compte rendu promis à ma chère petite Simone. Comment va-­t‑elle, comment se plaît-­elle, comment dit-­elle ?

Lundi je ne t’écrirai peut-­être pas, je dois déjeuner encore une fois chez Madame Lise Meyer et ensuite rendez-­vous à la Centrale sur la demande d’Artaud. Aragon n’est pas allé tantôt chez Doucet. Ce sera pour mardi.

Le « Cahier B » de Valéry est tout de même une bien belle et bien forte chose. Il y a des phrases comme ceci : « Les grands hommes meurent deux fois. Une fois comme hommes et une fois comme grands. » Je t’en reparlerai sans doute, après m’être assuré que tout y est pensé aussi correctement que tout y est écrit.

Mais j’ai besoin que tu me parles à ton tour, c’est toujours si drôle, ma petite Simone, que tu ne sois pas là.

Tu venais justement de réapprendre à embrasser. Mon chéri, comme je t’embrasse !

André

 

Bibliographie

André Breton, Lettres à Simone Kahn, ed. Jean-Michel Goutier, coll. « Blanche », Gallimard, Paris, 2016, p. 222-224.

Librairie Gallimard

Date de création22/01/1925
Notes bibliographiques

Sur papier à en-tête de La Révolution surréaliste.

Languesfrançais
Cote de bibliothèque publique

BRT 224

Crédit© Successions André Breton, Simone Kahn et éditions Gallimard
Référence0123457
Mots-clés, , ,
CatégoriesCorrespondance, Lettres d'André Breton
Série[Correspondance] Lettres à Simone Kahn
Lien permanenthttps://cms.andrebreton.fr/fr/work/56600101001860

Notice reliée à :

1 Œuvre
 
False

La Révolution surréaliste, 3

-
Louis Aragon, Antonin Artaud, Jacques Baron, Maurice Bechet, André Breton, Robert Desnos, Paul Éluard, Michel Leiris, Max Morise, Pierre Naville, Benjamin Péret, Raymond Queneau

-

Troisième numéro de La Révolution surréaliste, imprimé à Alençon et publié le 15 avril 1925. De nombreux tracts sont intégrés à ce numéro.

34 images, une notice descriptive, une bibliographie, deux séries, des liens, une exposition.

[Revue] La Révolution surréaliste, 3, Tracts surréalistes et déclarations collectives