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Lettre datée du 20 octobre 1955
Auteur
Auteur André BretonPersonnes citées Geo Dupin, Joris-Karl HuysmansDestinataire Pierre Molinier
Descriptif
Lettre d'André Breton à Pierre Molinier, datée du 20 octobre 1955.
Transcription
Jeudi 20 octobre 1955
Très cher Ami,
cette clé – pour les Portes d’ivoire – c’est bien seulement de vous qu’elle pouvait me venir. Je continue à me trouver pris entre de tels murs que vous ne pouvez savoir tout le sens prend pour moi une telle clé. Je vous ai déjà que vous voyez étrangement clair en moi, qui par instants n’y vois goutte. Pas du tout en voie de me débarrasser du poids croissant sur la poitrine de ce livre qui refuse « magiquement », de progresser et dont le souci me sape la vie tout entière. Il engendre, en effet, un à quoi bon général qui me laisse à peu près dans la position du héros d’En Rade, de Huysmans, sauf qu’il n’y a pas en moi celui aussi qui, par dessus l’épaule de l’autre, peut écrire En Rade. Voilà pour moi cette saison.
Une lueur – des très rares pour les mois à venir – tient au projet de cette exposition de vous. Des difficultés d’ordre très médiocre touchant les conditions de gestion commerciale de la galerie (dont ne se désintéresse pas tout à fait le commanditaire) m’ont seules retenu de vous donner à ce sujet des précisions. Mais tout est en train de s’aplanir et il est probable que l’on rouvrira au début de novembre. Il me semble que la période la plus favorable à vous offrir irait du 1er au 20 ou 30 février. : les mois de décembre et janvier sont les plus creux en raison des fêtes et rien ne pourrait être suffisamment préparé pour novembre, où mieux vaut ouvrir sur une exposition Crépine, comme d’ailleurs depuis longtemps prévu. Inutile de dire que je ne laisserai à personne le soin de vous présenter et que je voudrais que le catalogue soit un objet qui reste. Ce n’est pas trop de deux ou trois mois pour y penser.
À propos de ce que vous me demandez, quel qu’en soit mon désir, je suis malheureusement dans l’impossibilité de faire place chez moi aux toiles que destinez à l’exposition. Le numéro de l’Œil a dû vous donner quelque idée de l’encombrement chez moi ! Mais si vous le jugez toujours souhaitable, elles pourraient très facilement se caser chez Me Dupin, avocat à la Cour, 26 rue des Plantes (XIVe) (c’est la femme de Me Dupin qui, cette année, « tiendra » la galerie). Leur appartement est très vaste et ils sont tout à votre disposition.
Dès que je retournerai à l’Étoile scellée, je prendrai panneau par panneau la mesure de la cimaise.
Les reproductions en couleurs de « Sortilèges » et « Amour » m’ont mis, une fois de plus, en très grand goût.
Merci encore, mon cher Ami, croyez-moi
de tout cœur vôtre
André Breton
Date de création | 20/10/1955 |
Adresse de destination | |
Notes bibliographiques | Ms, encre noire - deux pages signées. Enveloppe conservée. |
Langues | français |
Bibliothèque | |
Nombre de pages | 2 p. |
Crédit | © Succession André Breton |
Mots-clés | correspondance, lettre |
Catégories | Correspondance, Lettres d'André Breton |
Série | [Correspondance] Correspondance avec Pierre Molinier |
Lien permanent | https://cms.andrebreton.fr/fr/work/56600101001834 |