[Pardonne-moi de t'écrire...]
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Lettre d'Alberto Giacometti à André Breton datée de Zürich le 3 août 1933.
Deux images, une notice descriptive, une bibliothèque.
Auteur Alberto GiacomettiDestinataire André BretonPersonnes citées Stella, Paul Éluard, Benjamin Péret
Lettre d'Alberto Giacometti à André Breton, datée de Maloja le 8 août 1933.
Maloja le 8 août 1933
Mon cher André[,] je viens de t’écrire une lettre de 2 pages [addition en marge gauche : elle est dans l’enveloppe], mais si misérable que je ne peux pas l’envoyer, pourtant c’est de la lâcheté de [addition : ??? je ne sais pas bien] ne pas le faire mais dans ce cas je le suis, et puis celle-ci ne promet pas bien mieux, tout ça mêlé de grandes difficultés d’écrire les lettres (a e u o) et les mots qui se mettent de travers comme des bâtons, j’écris comme si je travaillais la terre avec une pioche. Lʼun des motifs de la lettre c’était de tʼenvoyer mon adresse : A. S. Maloja. Engadine. Suisse. Je serais très très content d’avoir de tes nouvelles dans pas trop longtemps, de savoir comme tu vas, ce que tu fais, si les choses se sont un peu mieux arrangées depuis mon départ, ce que j’espère tant, et il m’est trop difficile d’écrire parce que en écrivant à toi je pense à toi et je suis absent du papier et de la plume de ce qui me passe par la tête je fais un dialogue, arrangeant tes réponses.
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Voilà l’état dans lequel je suis. Pas mieux qu’il y a 8 jours, encore complètement éparpillé ou plutôt — car je n’aime pas ce mot [flèche vers le mot « éparpillé »] — sectionné je ne sais pas où les différentes parties se trouvent ici il ne reste qu’un vide presque, mais maintenant que je n’ai plus [addition : comme si ça a un air sérieux] beaucoup à faire je vais partir à leur recherche, mais je ne vais peut-être pas les ramener, au contraire, je les laisserai s’en aller, seulement de loin je tacherai de les suivre un peu, elles ne sont probablement pas aussi loin que je crois et peut-être simplement dissoutes. C’est encore une jolie illusion et je regarde par la fenêtre, mais je pense que le fait d’écrire une lettre et de ne pas l’envoyer par peur de se compromettre va te parler [note de bas de page : naturellement, tu as raison.] et alors je préfère la mettre dans l’enveloppe avec celle-ci. J’avais une excuse qui au fond a plus de poids que tout le reste, c’est que je voulais t’épargner de lire tout ça qui ne contient rien et peut être ; non si c’est à un moment où tu n’as pas envie de le faire tu ne le ferais quand même pas, et maintenant ça te suffit de regarder la feuille comme tu veux. J’écris tout ça pour me sentir un peu avec toi malgré mon état bien sous 0, mais qui me laisse pour le moment si différent, presque de bonne humeur, très relativement, comme des grandes vacances mais avec une belle brisure tout de même et un vide ou beaucoup de choses sont tombées, mon amie aussi. J’ai rencontré une toute jeune fille presque une petite fille (mais, ça dépend du moment, une fois sur les 2), rencontré sur la route, j’ai juste dit bonjour 2 fois en passant sans presque m’arrêter, il n’y aura jamais rien de plus mais ça me fait sortir jusqu’au village, elle est très agitée toujours en mouvement, elle court en tournant vite la tête plusieurs fois ; comme un chevreuil et tout avec beaucoup d’hésitations, c’est la fille d’un cafetier ou plutôt d’un marchand de vin et elle va l’hiver dans un couvent à l’école. Mais je dois sortir et ce soir, non, je prends la lettre avec et je passe à la poste. Pardonne-moi si cette lettre est trop ennuyeuse. Je serais très content si tu m’écrivais une fois.
Très affectueusement ton ami
Alberto Giacometti.
[P.-S. –] Et j’ai dû vite finir sinon peut-être j’aurais continué, comme à Paris quelques fois le soir sur le point de partir.
Je pense que tu vois souvent Paul Éluard, dis-lui bonjour [addition : À Péret aussi] de ma part et que je vais lui écrire.
Tu avais reçu ma lettre de Zürich ?
Date de création | 08/08/1933 |
Adresse de destination | |
Notes bibliographiques | Deux pages in-4° ms, dessins, ratures à l'encre noire. Lettre insérée sous enveloppe avec la lettre précédente BRT C 831. |
Langues | français |
Lieu d'origine | |
Bibliothèque | |
Nombre de pages | 2 p. |
Crédit | © Fondation Alberto Giacometti |
Référence | 19001022 |
Mots-clés | lettre, sculpture, érotisme |
Catégories | Correspondance, Lettres à André Breton |
Série | [Correspondance] Correspondance avec Alberto Giacometti |
Lien permanent | https://cms.andrebreton.fr/fr/work/56600101001768 |
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Lettre d'Alberto Giacometti à André Breton datée de Zürich le 3 août 1933.
Deux images, une notice descriptive, une bibliothèque.