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Descriptif

Lettre d'André Breton à Jacques Doucet, envoyée de Paris le 25 juin 1925.

 

Transcription

Paris, le 25 juin 1925

Cher Monsieur,

J’ai été très heureux de recevoir de vos nouvelles. Sachant combien peu vous vous plaisez généralement hors de Paris il me semble que pour une fois vous ne regrettez pas d’avoir entrepris ce voyage et j’espère qu’il sera d’un grand repos pour vous.

Je vous ai adressé la semaine dernière une petite lettre chez Masson, qui a dû vous la faire parvenir. J’avais oublié le nom de votre hôtel et je ne savais comment vous adresser la photographie des Danseuses de Picasso dont je vous avais parlé. Je suppose que vous êtes maintenant en possession de ce document et que vous vous faites déjà une idée suffisante de la toile à laquelle il se rapporte. Je suis très curieux de savoir ce que vous en dites.

Il n’a rien paru d’intéressant depuis votre départ. J’ai visité l’exposition du pavillon de Marsan et celle de Bernheim. Dans la première il m’a paru que vos tableaux s’imposaient particulièrement à l’attention, et avec eux le jeune homme assis de Cézanne et un Seurat. Chez Bernheim il y a de bien belles choses de Manet, de Seurat : je crois que c’est là une des meilleures expositions qui aient été faites depuis longtemps, exception faite pour la période tout‑à‑ fait contemporaine, bien entendu.

J’ai assisté hier à la première vacation de la vente Renoir. Les prix ont, je crois, dépassé toute attente et les tableaux n’étaient pourtant pas tous de première qualité. Mais quelles toiles étonnantes que certains paysages de 1895‑1900 ! Quel dommage que vous n’aimiez pas Renoir.

Dans « Comœdia » d’hier, Claudel se livre à une attaque bien inattendue et bien injuste contre mes amis et moi. Il est honteux, après tout, qu’un homme profite de sa situation sociale et d’un titre d’ambassadeur de France pour mentir et calomnier, et cela encore au nom de la religion catholique !

Il fait depuis quelques jours à Paris un temps terrible; du matin au soir il n’est plus question de soleil.

À bientôt, cher Monsieur. Je vous prie de vouloir bien me rappeler au souvenir de Madame Doucet. Ma femme et moi nous vous adressons nos plus affectueuses pensées.

André Breton

Bibliographie

BRETON, André, Lettres à Jacques Doucet, éd. Étienne-Alain Hubert, Paris, Gallimard, coll. Blanche, 2016, p. 280-283.

Librairie Gallimard

Date de création25/06/1925
Date du cachet de la Poste25/06/1925
Adresse de destination
Notes bibliographiques

Deux pages sur un feuillet 27 × 21cm, en‑ tête imprimé en vermillon : LA RÉVOLUTION SURRÉALISTE/ 42, RUE FONTAINE, PARIS (IXe) / DIREC-TEUR : / ANDRÉ BRETON. Encre bleu‑ noir. — Enveloppe 11,5 × 14,5cm, en‑ tête imprimé en vermillon : LA RÉVOLUTION SURRÉALISTE / 42, RUE FONTAINE, PARIS(IXe). Suscription à l’encre bleu‑ noir : « Monsieur J. Doucet / Maritima‑ Hotel / HYÈRES / Var ». Cachet : Paris 90 rue Duperré 16 h ‑ 25‑8‑ 26 [erreur pour 6‑25] — Hyères 12 h 26‑6‑ 25 (une main a ajouté au crayon «25 juin 25»).

Languesfrançais
Lieu d'origine
Bibliothèque

Bibliothèque littéraire Jacques Doucet, Paris : BLJD 7210-80

Dimensions21,00 x 27,00 cm
Nombre de pages2
Crédit© Aube Breton, Gallimard 2016
Mots-clés,
CatégoriesCorrespondance
Série[Correspondance] Lettres à Jacques Doucet
Lien permanenthttps://cms.andrebreton.fr/fr/work/56600101001135
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