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[De cette pointe extrême vers l'Europe...]

Lettre datée de Washington, le 29 juillet 1949

Correspondance

Auteur

Auteur Alexis Léger, dit Saint-John Perse
Destinataire André Breton
Personnes citées Maria Martins, dite Maria, Jean Paulhan, Raymond Roussel

Descriptif

Lettre de Saint-John Perse à André Breton, datée de Washington, le 29 juillet 1949, et adressée à Paris.

Sur papier à en-tête de Cape Cod, Massachusetts, portant une représentation géographique de la région. Enveloppe par avion à Monsieur André Breton, 42 rue Fontaine, Paris (IXe) France, réexpédiée sur l'île de Sein par Audierne, Finistère.

Lettre insérée dans l'exemplaire d'Exiles and other poems de Breton. [site André Breton, 2019]

 

Transcription

29 juillet 1949

Cher Ami,

De cette pointe extrême vers l’Europe, où la mer et l’épave s’attardent à trop de mauvaise littérature, je cherche encore un dernier lien vivant de ma rive à la vôtre, et votre pensée demeure pour moi, parmi le cours indémêlé de ces dernières années.

Comment rien entendre, amicalement, de vous - de votre activité littéraire et, plus simple­ment encore, de l’oeuvre de la vie dans votre trame quotidienne ? J’y voudrais tant, pour vous, de satisfactions humaines, et de cette liberté d’esprit dont la maîtrise coûte aujourd’hui si cher.

Je ne sais plus rien, par ma faute, de notre amie Maria Martins, qui pouvait encore me donner de vos nouvelles. Personne, dans la vie parisienne, qui puisse me renseigner sur rien de ce que j’aimerais encore savoir. Et des revue littéraires seule me parvient le Cahier de Paulhan, qui ne contient pas de notes ni d’échos. (J’y ai lu, sur Roussel, une intéressante étude de vous). Tout ce que vous me mentionniez de basses manoeuvres contre vous a-t-il un peu désarmé ? L’atmosphère autour de vous, et plus largement encore, à la périphérie, devient-elle plus salubre  ?

Quelques phrases de vous m’ont, plus que je ne vous l’ai dit, été précieuses, par tout ce qu’elles m’éclairaient, d’un seul tour d’horizon, sur plusieurs plans. Ne me laissez pas perdre le goût de cette solidarité d’esprit et de cette amicale confiance, qui ont déjà contre elles tant d’espace et de temps. Il n’y a plus beaucoup d’occasions, dans la dispersion actuelle, de sauvegarder et d’affirmer de telles solidarités. Et pour moi-même, qui n’attends rien de la vie littéraire, je pense, du moins, à l’intérêt, en pareille époque, d’un commerce humain de quelques esprits.

Je ne sais où vous atteindra ma lettre en cette saison. Y a-t-il aucune perspective, pour vous, d’un passage en Amérique ? Je le souhaiterais, personnellement, car je ne puis encore envisa­ger de retour en France ; toujours pour les mêmes raisons, d’ordre purement matériel.

De vos nouvelles, Cher (sic) Ami ? et bien affectueusement à vous, avec des voeux pour tout ce qui vous tient à coeur.

Alexis Léger

 

Bibliographie

Henri Béhar (éd.), « Surréaliste à distance », Europe, nov.-déc. 1995, n° 799-800, pp. 59-84.
Date de création29/07/1949
Adresse de destination
Languesfrançais
Lieu d'origine
Bibliothèque

Bibliothèque littéraire Jacques Doucet, Paris : BRT C 2669

Nombre de pages4
Référence19002334
Vente Breton 2003Lot 1012
Mots-clés
CatégoriesCorrespondance, Lettres à André Breton
Série[Correspondance] Correspondance avec Saint-John Perse
Lien permanenthttps://cms.andrebreton.fr/fr/work/56600101000741
Lieu d'origine
Lieu d'arrivée

Notice reliée à :

1 Œuvre
 
False

Exile

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Alexis Léger, dit Saint-John Perse

Édition bilingue des poèmes d'exil de Saint-John Perse, traduits de l'anglais par Denis Devlin.
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