Éloges
-
Alexis Léger, dit Saint-John Perse
Poème de Saint-John Perse publié à Paris chez Gallimard en 1911, tirage de 1948 d'après l'édition de 1925.
Une image, une notice descriptive, un lien.
Auteur André BretonDestinataire Alexis Léger, dit Saint-John PersePersonnes citées Jacques Vaché, Paul Valéry
Lettre d'André Breton à Saint-John Perse, le 31 janvier 1945, de New York.
New York, 31 Janv. 45
Cher Monsieur et Ami
j’étais heureux avec votre lettre, et d’abord l’enveloppe au sortir de la boîte de cuivre : cette écriture, comme la première fois que je l’ai vue. Et puis c’était en 1916 à Nantes, dans une chambre d’interne à l’hôpital de la rue du Boccage : je lisais Éloges à mon ami Jacques Vaché et je me rappelle comme je tressaillais au passage de certaines phrases et comme il y réagissait aussi, quoiqu’en se surveillant bien davantage. Il me fit présent plus tard d’une aquarelle bizarre, avec des collages de tissus, qui fut malheureusement détruite et dont faisaient les plus grands frais des êtres issus de votre esprit.
Valéry me parlait dans le temps du jeu de cache-cache entre les hommes. Je crois qu’en dépit de toute nécessité il ne peut pas être plus grand qu’entre vous et moi puisque l’exil même n’y met à peu près pas fin. Mais je persiste à faire mien plus que l’autre ce monde, ailleurs, des affinités dont nous finirons bien par avoir la clé un jour. Et se déplacera comme une plume tout ce qui aura pu faire obstacle à nos rencontres, ce qui vous retenait sans doute, ce qui me semblait si insurmontable.
Ce charme contraire eût dû se rompre ou se réduire vers le milieu de ce mois où vous m’écriviez et me faisiez part de cette si prompte intervention en ma faveur. Mais quelques démons veillaient : vous veniez d’être souffrant, je commençais à l’être moi-même (du retour d’une maladie étrange puisque poétique dans la cause que lui attribuent les médecins : il s’agit de troubles « allergiques » qui, à l’analyse, ont semblé provoqués au début de l’année dernière par la manipulation de masques esquimau. J’ai d’ailleurs récidivé, me découvrant aussi peu de défense contre eux que vous même devant ce bracelet au jarret d’un cheval. L’un d’eux, au mur en ce moment devant moi, ne trouverez-vous pas cela admirable, représente le cygne qui conduit vers le chasseur la baleine blanche au printemps).
Et pourtant ce serait donc leur faute si plus tôt je ne vous ai pas dit de tout coeur merci. Mais, bien au delà de cette science à naître et qui permettra de pénétrer concrètement dans le domaine des « sorts », vous savez par tout ce qui vous qualifie quel plaisir je garde, non seulement de ce que vous avez bien voulu faire pour moi, mais encore de la pensée de me voir un jour que vous passeriez par New York.
Je vous prie de croire à mes sentiments très affectueux.
André Breton
Henri Béhar (éd.), André Breton, Saint-John Perse, Correspondances inédites (1936-1946), « Surréaliste à distance », Europe, nov.-déc. 1995, n° 799-800, pp. 59-84.
Date de création | 31/1/1945 |
Adresse de destination | |
Langues | français |
Provenance | New York |
Lieu d'origine | |
Bibliothèque | |
Mots-clés | lettre |
Catégories | Correspondance, Lettres d'André Breton |
Série | [Correspondance] Correspondance avec Saint-John Perse |
Lien permanent | https://cms.andrebreton.fr/fr/work/56600101000723 |
-
Alexis Léger, dit Saint-John Perse
Poème de Saint-John Perse publié à Paris chez Gallimard en 1911, tirage de 1948 d'après l'édition de 1925.
Une image, une notice descriptive, un lien.