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[Ne regrette pas trop d'être encore à Paris...]

Lettre datée de Saint-Cirq, le 9 juin 1953

Correspondance

Auteur

Auteur André Breton
Destinataire Aube Breton, épouse Elléouët
Personnes citées Marie Cuttoli ép. Laugier, Dr Henri Laugier, Stéphane Mallarmé, Frédéric Zeller

Descriptif

Lettre d'André Breton à sa fille Aube, datée du 9 juin 1953, envoyée le 10, de Saint-Cirq-Lapopie.

 

Transcription

St-Cirq, le 9 juin 1953.

Mon Aube chérie,

Ne regrette pas trop d’être encore à Paris ; le temps, ici, est aussi maussade que possible : il a plu hier toute la journée et ce matin il n’y a pas dans le ciel le plus petit trou bleu (de ces trous que, disait Mallarmé , « font méchamment les oiseaux » : il disait « méchamment » parce qu’il estimait que la condition humaine, très sombre, n’avait que faire de cet azur vers le haut). Toujours est-il que St-Cirq, ainsi, n’est plus guère lui-même, bien qu’on entende les oiseaux chanter. La maison a pourtant gagné en confort et, même, hier nous avons pu y prendre le repas du soir.

Il y a tant de « retard sur la saison » que le jardin manque de couleurs. À part quelques roses il n’y a qu’une digitale gigantesque qui a l’air d’un bonnet de fou, à moins que ce soit de la marotte du même. Roses trémières, liliums, bégonias sont encore en projet.

Mon petit chéri, j’attends une lettre où tu me dises comment s’organise ta vie, à quelle heure tu te lèves pour être à 8h¼ à Jules-Ferry, comment tu fais pour déjeuner, si tu vois beaucoup de monde chez Marie. N’oublie pas de demander à Monsieur Laugier s’il peut quelque chose pour te faciliter le renouvellement de ton passeport car plus il y aura de jours qu’il sera périmé, plus ce renouvellement sera difficile. N’oublie pas non plus d’écrire très gentiment à ton grand-père  : je reçois ce matin une lettre de lui qui est assez alarmante et il est presque à craindre que nous ne le revoyions plus. — Qui as-tu revu de nos amis ? Es-tu passée une fois au café de la Mairie ? Fais-leur nos amitiés à tous en attendant qu’il fasse assez beau pour que je leur écrive.

Je n’ose te recommander davantage de veiller à la fin de cette année scolaire (très compromise, crois-moi) : au moins faudrait-il que tu donnes ces dernières semaines l’impression de la bonne volonté. Oui ?

Que la fermeture des portes de la rue Fontaine soit, je t’en prie, l’objet de toute ton attention. As-tu pu te procurer le second exemplaire de la clé du verrou ?

Ma petite Aube , nous attendons de longues nouvelles de toi à ces divers propos et à d’autres, si tu veux bien. Veux-tu bien présenter nos affections à Marie ainsi qu’à Henri Laugier.

Elisa t’embrasse. Je te serre dans mes bras, pour une fois sans jouer.

André

 

Bibliographie

André Breton (éd. Jean-Michel Goutier), Lettres à Aube, Paris, Gallimard, 2009, p. 76 à 79, rep. p. 77-78

Librairie Gallimard

Date de création09/06/1953
Date du cachet de la Poste10/06/1953
Adresse de destination
Notes bibliographiques

2 feuillets in-4° sur papier à en-tête de Médium

ProvenanceSaint-Cirq-Lapopie, Lot
Lieu d'origine
Bibliothèque

Bibliothèque littéraire Jacques Doucet, Paris : Ms Ms 41363_74

Modalité d'entrée dans les collections publiquesDon Aube et Oona Elléouët à la Bibliothèque littéraire Jacques-Doucet, Paris, 2003
Crédit© Aube Breton, Gallimard 2009
Référence19004947
Mots-clés,
CatégoriesCorrespondance, Lettres d'André Breton
Série[Correspondance] Lettres à Aube
Lien permanenthttps://cms.andrebreton.fr/fr/work/56600101000114
Lieu d'origine
Lieu d'arrivée