Descriptif

Dessin collectif à l'encre sur papier réalisé à Marseille en 1940.

 

C’est à Marseille où  se sont réfugiés en 1940-1941 une partie des surréalistes qui ont fui Paris et dans l’attente d’un visa vers la liberté. Dans ses Entretiens (1952), Breton raconte : « Nous trompions du mieux que nous pouvions les angoisses de l’heure » par des jeux, « à caractère poétique » précise Jacques Hérold (Opus international, p. 65) : (lectures, cadavres exquis, objets, dessins ou collages collectifs…)  Ce dernier se rappelle de séances avec Breton où ils faisaient ensemble des petits dessins sur des bouts de papier ou sur un carnet « Martini » ; il parle également de la transposition des jeux de portraits dessinés en jeu de carte.

Ce sont parfois des portraits dessinés en séquence – nouveaux jeux ou dérivés des cadavres exquis – sont à rapprocher des figures du Jeu de Marseille. Ils présentent aussi des affinités avec L’Etrange cas de Mr K de Victor Brauner peint en 1934 de la collection Breton : tableau divisé en petites rectangles peints qui décrivent les métaphores imaginaires de K. Ces œuvres collectives  peuvent être des variations stylistiques, iconographiques et inconscientes sur un sujet donné au départ : animaux ou oiseaux fantastiques, portraits ou masques, chapeaux, personnages…

Ont participé André Breton, Jacqueline Lamba, Victor Brauner, Jacques Hérold, Oscar Dominguez, Wifredo Lam, Théo ou Daniel Benedict, Gerardo Lizarraga, etc.

Si Victor Brauner est un intervenant, il s'agit de 1941.

[Anne Egger, 2023, Atelier André Breton]

 

 

« A.J. : Mais le principe du jeu surréaliste n'est-il pas collectif ?
J.H. : Oui, mais c'est l'esprit du jeu qui compte. Le fait de se trouver devant un groupe d'amis et d'exprimer d'une manière ou d'une autre quelque chose qui est fondé sur une petite règle, une petite loi, c'est un jeu que l'on fait avec soi-même. Il n'y avait pas de "concours", le jeu ordinaire demande un concours, une petite lutte, en général, donc des victoires, des défaites, tandis que pour nous il n'y avait ni victoires ni défaites, mais un jeu avec soi-même, en soi-même. On se trouvait un chemin, une étincelle qui donnait lieu à une autre étincelle, qui court ailleurs.
A.J. : Qu'appelles-tu une "étincelle" ?
J.H. : C'est la beauté du jeu : la convulsivité. On ferme les yeux, quand on regarde ce qu'on veut faire. Quand je jouais avec Breton on était seul : on allait dans les bistrots, après dîner, le soir (à Paris, avant la guerre) on se mettait à une table, dans un café tranquille : "À quoi va-t-on jouer ?" On sortait un petit carnet "Martini" ou un papier. On se disait par exemple : "On va faire un dessin les yeux fermés", ets : "Et si on prenait un sujet ? Un rat d'hôtel par exemple ?" Ou encore : "Et si on le dessinait de la main gauche ?" » Alain Jouffroy (« Les jeux surréalistes » (entretien avec Jacques Hérold), in : XX^e siècle, Le surréalisme I, nouvelle série, XXXVI^e année, n° 42, juin 1974, p. 151).

 

Bibliographie

- Aix-en-Provence, Galerie d'Art du Conseil Général des Bouches-du-Rhône, Sur les quais, Marseille 1940-1941, Varian Fry et les candidats à l'exil, 1999, rep.s.p.

Date de création	1940
Notes	28 x 22,3 cm (11 x 8 3/4 in.) - Encre sur papier
Vente Breton 2003	Lot 4262
Mots-clés	arts graphiques, assemblage ou collage, jeu surréaliste, surréalisme
Catégories	[Photos] 1940-1946, Œuvres graphiques
Série	[Jeux surréalistes] enveloppe Jeux surréalistes
Lien permanent	https://cms.andrebreton.fr/fr/work/56600100884740

Notice reliée à :