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Ode à Coco

Manuscrit

Auteur

Auteur Robert Desnos
Personne citée André Breton

Descriptif

Manuscrit du poème de Robert Desnos, « Ode à Coco », dédié à Breton et daté de 1919.

Le manuscrit de cette « Ode à Coco », dédiée à Breton, nous montre Desnos au travail : reprenant, découpant, reprisant le fil de ce long poème dans la manière de Prospectus. L'épigraphe de Laurent Tailhade situe assez exactement l'esthétique de l'œuvre, d'une modernité encore très Belle Époque, rappelant certains poèmes de Cocteau. Rien que de très gentil, comparé aux productions contemporaines de Dada et aux découvertes vertigineuses de Breton et Soupault, en cette même année 1919. Mais, au détour d'un vers, surgit inopinément une figure sortie tout droit, dirait-on, de chez Lautréamont : la pieuvre. Autant dire que le joli navire transatlantique dessiné à la fin du manuscrit pourrait bien, un jour ou l'autre, sombrer.

[site Atelier André Breton, 2005]

Manuscrit autographe du poème « Ode à Coco » de la main de Robert Desnos, à l'encre noire sur papier avec des paperoles sur les feuillets 1, 2 et 4, portant de nombreuses traces de pliures et des déchirures, avec ratures et corrections, daté et signé.
- 6 pages in-4° foliotées de 1 à 6 sur papier crème. Nombreuses ratures et corrections dans les marges. Le poème est dédié à André Breton.
En épigraphe, en haut à droite : « Aux vieilles putains d'ans et d'honneur chargées. Laurent Tailhade. »

Le poème est signé et daté : « Desnos, 1919 » ; sous la date se trouve un petit dessin à l'encre noire représentant un paquebot. Le haut de la page 2, déchiré, a été recollé sans préjudice pour le texte. L'ensemble est sous chemise rouge titrée vraisemblablement par Aragon : « Robert Desnos. Le Fard des Argonautes, Ode à la Coco, l'Aumonyme. »
« Coco perroquet vert de concierges podagres
» Sur un ventre juché, ses fielleux monologues
» Excitant aux abois la colère du dogue
» Fait surgir un galop de zèbres et d'onagres. »
(Robert Desnos, Corps et biens, Paris, Gallimard, 1930, p. 13 à 19).

[catalogue de la vente, 2003]

Dans ce manuscrit Desnos agrafe de nouveaux mots et vers à un hypotexte précédemment conçu et daté 1919. Les parties ajoutées semblent opérer une dramatisation du poème et une exaspération des aspects mornes et atroces déjà présents dans l’hypotexte. Mais elles intensifient aussi l’atmosphère partagée entre vision, rêverie et hallucination. D’un point de vue formel, ces ajouts contribuent à renforcer le caractère irrégulier, à contre-courant de la régularité assurée par l’usage de l’alexandrin, en le démarquant ainsi de son poème jumeau, « Le Fard des Argonautes ». On peut en effet constater que certains thèmes et certains fantasmes qui hantent les écrits plus proprement surréalistes de Desnos, en particulier les textes automatiques (Nouvelles Hébrides de 1922 et Deuil pour Deuil de 1924), se manifestent en abondance dans ces passages ajoutés. Il en va de même pour un certain lexique et certaines images. Le remaniement du texte pourrait donc se placer autour de l’année 1922. De plus, le manuscrit est enrichi du dessin d’un paquebot qui fait office de signature chez Desnos. On sait que l’image des paquebots est fréquemment reproduite à partir des dessins automatiques, et la facture de ces dessins rappelle de près l’image du croquis du manuscrit de l’« Ode à Coco ». Ce poème, même s’il est très proche du « Fard des Argonautes », placé au seuil des textes de la période 1922-23 dans Corps et biens en 1930, apparaît comme un véritable texte charnière entre deux périodes, il inscrit et annonce l’aventure surréaliste.

[Damiano De Pieri]

Bibliographie

- Robert Desnos, Corps et biens, Gallimard 1930.

- Robert Desnos, Œuvres, édition établie et annotée par M.-C. Dumas, Paris, Gallimard, coll. Quarto, 1999.