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Sans titre

Dessins

Auteur

Artiste Nadja

Descriptif

Dessin à l'encre sur nappe en papier datant de 1926, l'année de la rencontre de Nadja et d'André Breton.

« André ? André ?... Tu écriras un roman sur moi. Je t'assure. Ne dis pas non. Prends garde : tout s'affaiblit, tout disparaît. De nous il faut que quelque chose reste. »

C'est le 4 octobre 1926, rue Lafayette, qu'André Breton voit Nadja pour la première fois. Rencontre placée d'emblée sous le signe de l'éblouissement, histoire d'amour mais aussi et surtout fascination pour celle qui s'impose immédiatement comme un personnage. Différente, Nadja ? Si la folie qui se déclarera en mars 1927 plane déjà autour d'elle, c'est une différence plus subtile qui aiguille vers elle le regard des hommes. L'étrangeté de la coiffure, du maquillage, un je-ne-sais-quoi d'abîmé, déjà, font d'elle un point de mire. Son nom, emprunté à une actrice américaine, signe à la fois l'exotisme et la fiction.
« Nadja, parce qu'en russe c'est le commencement du mot espérance, et parce que ce n'en est que le commencement. »
Ses paroles, ses dessins sont autant d'oracles hermétiques que le poète s'acharne à décrypter. Ils placent la vie de la jeune femme sous le signe de la voyance, de l'invention permanente ; de ce que, au sens le plus pur du terme, on pourrait nommer poésie. Nadja, à sa manière et jusque dans sa folie, a été l'incarnation vivante du surréalisme.

Mais il y a autre chose. La jeune femme, de son vrai nom Léona D., est alors dans une situation de détresse absolue, qui amène Breton, guère fortuné pourtant, à se défaire de l'un de ses tableaux pour lui porter secours. Leur relation est marquée du sceau de la nécessité - celle d'une rencontre fatale, celle du besoin aussi, du manque. C'est dans ce gouffre que va s'abîmer une histoire presque condamnée d'avance, entraînée dans le naufrage de Nadja. Sombrer : aventure fascinante, invivable pourtant. Les amants se voient continuellement jusqu'au 13 octobre - la semaine merveilleuse - avant que Breton n'espace leurs rencontres. Ils cessent de se voir en février 1927, un mois avant que la jeune femme ne sombre définitivement dans la folie.

Commence alors l'autre histoire de Nadja. Si le poète, comme l'atteste une correspondance avec un médecin conservée dans ses archives, a eu l'intention de revoir son amie, il n'en fera rien. Leur histoire, déjà, s'écrit au passé. C'est dans la douleur, pendant l'été 1927, que Breton se lance dans la rédaction de ce qui va devenir l'un de ses grands livres. Au manoir d'Ango, à quelques kilomètres d'Aragon qui écrit avec une aisance décourageante le Traité du style, il achève les deux premiers chapitres. En septembre, il charge Boiffard, l'assistant de Man Ray, de réaliser les photographies qui illustreront l'ouvrage, avec les dessins de Nadja qu'il a conservés. En novembre, enfin, la rencontre de Suzanne Muzard, la maîtresse d'Emmanuel Berl, éclaire de sa lumière les dernières pages d'une histoire célébrant celle qui est partie dans la nuit.

Breton ne reverra jamais Nadja - mais Nadja, le livre, l'accompagne désormais, comme celui qui l'a définitivement imposé comme un écrivain de premier ordre. L'histoire finirait là ? Pas tout à fait. Car une fausse Nadja, après la guerre, lui adresse une série de lettres délirantes, que le poète conservera dans ses archives. Mais la vraie Nadja est morte en 1941.

Exposition

- Paris, Musée national d'art moderne-Centre Georges Pompidou, André Breton, La beauté convulsive, 1991

Bibliographie

- Paris, Musée national d'art moderne-Centre Georges Pompidou, André Breton, La beauté convulsive, 1991, rep. p. 277

Date de création1926
Date d'édition1926
Languesfrançais
Notes50 x 64 cm (19 5/8 x 25 1/4 in.)
Cote de bibliothèque publique

BRT OA 230

Vente Breton 2003Lot 4020
Mots-clés, ,
CatégoriesŒuvres graphiques
Série[Manuscrits d'AB] Nadja, boîte carton fort sangle cuir
Lien permanenthttps://cms.andrebreton.fr/fr/work/56600100277540