Dans la transcription du manuscrit il se pourrait que deux coquilles se soient glissées:
"maintenant est venue l'époque du feu sans ombre (nombre), l'époque des oiseaux de richesse, l'époque des vers (verres) opaques ou lumineux. "
Ma transcription de ce texte :
Dédé Sunbeam Lundi soir mai 1 25
J’attends le jour, le soir magnifique où tes deux bras s’ouvriront comme les pierres bleues sous le soleil de minuit, où les champs plantés de reliques sèches s’agiteront à NOTRE bruit. Tous les phonographes du monde nous berceront comme le blé du soir, et sur toutes les plaines des villes apparaîtront des hommes vêtus de feutre blanc, et ils diront :
- Maintenant est venue l’époque du feu sans nombre, l’époque des oiseaux de richesse, l’époque des verres opaques ou lumineux.
Mais on les empêchera vite de parler et les juifs les chasseront à coups de rasoir .ci-lors les hommes blancs tendront leurs mains vides et creuses vers nous deux et accourront de toutes les places des villes, mais pas assez vite pour que les cavaliers du Fer les fauchent aux passages. Ils tomberont les uns après les autres et je glanerai leurs ongles pour t’en faire des colliers.
Les rails précieux se tordent aujourd’hui autour de cette maison que j’habite, cette maison de chair de lune où les femmes ont l’air de scarabées incolores. Ma sueur transforme les murailles en fleurs géantes et son brouillard s’abattant sur les sièges y figure une foule recueillie.
Maggy, ma chère chose, qu’attends-tu en haut de cette colonne ? Le bonheur ne descend plus de ma tête sur tes pieds, tes tendres pieds de soie anglaise. Les jeux sont morts cette nuit, leur agonie durait depuis toujours je crois. Les linges que tu portes sur l’épaule se faneront vite, hélas, plus vite que les ongles des hommes blancs, ces ongles que plus tard, tu porteras en colliers.
Comprends-tu maintenant les paroles du triangle : "Les vivants portent la chanson " ? Comprendras-tu aussi la pente des rues de notre amour ? Ces rues que nous peuplons de baisers sans ailes, mais qui tombent si légèrement comme une neige-papillon, Ces rues incolores et transparentes comme notre cœur. Nous n’avons qu’un cœur à nous deux, et je livrerai des armées pour le défendre ce cœur. Il a des ailes d’or pour s’en aller mais les rails autour de nous l’arrêtent, heureusement. Que deviendras-tu si je pars encore vers la mort heureuse et tendre, la mort de tous les vendredis des veuves ? Les longues veuves aux voiles blancs.
Maggy si douce, ma chérie, mon marbre pur, mon serpent de pièces d’or, mon démon de porcelaine tendre, mon amour de chair sucrée, mes lèvres de platine doux, mes yeux de linge frais, mes mains de cristal vert, ma folie de chaque soir
Quoi ? mon serpent ? mon démon ? mon amour ? ma folie ? mes mains ? mes yeux ? mes lèvres ? Ah les tiennes! tes lèvres, tes yeux de pierre folle, tes mains de parfum chair, tes lèvres en bouquet, ta folie, ton amour !
(Désoeuvrement météorologique SGDG)
-------------------------------
"Figure mystérieuse, que ce - ou cette - Dédé Sunbeam)"
Dédé Sunbeam (André Dailly, graveur sur verre)
L’Almanach du quart de siècle ou La Révolution surréaliste en 1925
http://books.openedition.org/pupo/2431
12/04/2018